C'est pas aussi facile que je le pensais... Carrie O. Wise & Kai Parker

Une heure déjà que je suis là, sur la Grande Place de Mystic Falls. Je ne pensais pas que cette ville était aussi tranquille le week-end, c'est dingue. Le reste de la semaine, je ne vois pas trop la différence, la fac est toujours bondée de monde. Mais pour une fois, j'ai voulu revenir en ville pour changer un peu du quotidien et je ne suis pas déçue. Même avec mes sens développés, je n'entends pas la moindre agitation qui sortirait de l’ordinaire. Tenez, il n'y a qu'à me regarder pour comprendre ! Je suis assise contre un muret à écrire sur un petit carnet. Enfin, à dessiner serait plus exact. Je crois avoir voulu apprendre à dessiner quand j'étais plus jeune mais je n'ai jamais vraiment commencer, ma mère disait que c'était cher et que je pouvais très bien apprendre de moi-même. Au final, mes oiseaux "V" sont toujours aussi pitoyables. Je me souviens avoir croisé une dessinatrice il y a cinq ans, j'ai trouvé ça dingue, cette maîtrise. Et je crois que c'est pour ça que je suis venue me perdre ici, devant une...Fontaine ? Une sculpture ? Je ne sais pas exactement.

Le problème c'est que rien de ce que j'ai fait ne me plait. Après avoir recommencé 12 fois le dessin de la façade de l'immeuble en face, je me retrouve à court d'imagination. Résultat, je mordille mon crayon en réfléchissant au sens de la vie, c'est assez triste. Il fait beau aujourd'hui et le soleil qui chauffe mes jambes me fait sourire. Mon bracelet me protège du problème le plus important lié à l'état de vampire, je peux donc profiter pleinement de belles journées d'été comme celles-ci. Deux enfants viennent de passer, un peu plus loin, avec un ballon. Depuis quand n'ai-je pas joué au ballon ? Oh tiens j'ai une idée ! Je vais dessiner des enfants qui jouent au foot. Théoriquement, c'est sympa mais dans la pratique...Allez Carrie, concentre toi un peu, ce n'est pourtant pas si difficile de coucher des idées sur un papier, tu écrivais bien ton journal intime au collège !

Problème de manipulation, j'ai édité au lieu de rajouter, bref, cette partie a disparu, my bad :(

Je n'ai toujours pas bougé. Debout, le carnet serré contre mon coeur, j'ai même senti ma main trembler. Il faut bien se rendre à l'évidence, ce mec me terrifie. Et pourtant, ça n'a pas toujours été le cas, je me souviens encore de notre rencontre, la plus basique qui soit. Un cahier tombé, j'essaie de le ramasser et je me prends Kai dans la tête en voulant me relever. Je m'étais excusé directement, gênée et rouge comme pas possible. Et alors que je m'attendais à recevoir un flot d'insultes et de critiques de mec pas patient, je n'ai eu en retour que le magnifique sourire de Malachai Parker. J'ai ensuite vu ses yeux. Il avait cet air sûr de lui, sûr de ce qu'il faisait et ce charme indéniable que j'ai senti au premier échange de regard. Ensuite il y a eu sa voix, j'ai cru fondre en l'entendant. Ce mec était un concentré de charme à lui tout seul, je n'avais jamais vu ça.

Mais après le charme, la beauté, le sourire, la voix, le regard se dessina peu à peu la vraie personnalité de Malachai. Un manipulateur, un charmeur mais surtout un homme sans le moindre regret, la moindre compassion et ce trait de caractère apparaît tellement vite que j'ai su directement que ce n'était pas normal. Il rigolait d'accident, se complaisait dans la misère des gens mais ce n'est qu'après qu'il m'a déclaré tout naturellement être "sociopathe". Nous n'étions pourtant pas proches mais je crois qu'il est plutôt content de le crier sur tous les toits. A croire que ne rien ressentir est une fierté absolue. Le soir où il m'a dit ça, j'ai fait des recherches pour en apprendre un peu plus sur la "sociopathie". C'est comme ça que j'ai pu me rendre compte que la sociopathie est une maladie, ça pourrit la personne de l'intérieur. Et vous savez ce que j'ai voulu faire ? Comme l'idiote que je suis ? J'ai voulu l'aider. Mais comme vous vous en rendez compte, je n'en ai pas eu le temps, il m'a rit au nez avant de me poignarder.

« Je... Je suis désolé ? Je suppose. »

Je restes interdite quelques instants. Qu'est-ce que ce mec, là, planté devant moi avec son air penaud (et ça c'est exceptionnel) vient de me dire ? Il est désolé ? J'ai l'impression de rêver, peut être suis-je encore dans ma chambre à la fac. Je maintiens mon regard pour un temps qui me semble être une éternité, aucun mot ne veut sortir. D'ailleurs, je ne sais même pas quoi lui dire. J'ai imaginé ce scénario des dizaines de fois. Au début ,je m'imaginais lui arracher la tête avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir sa grande bouche. Et puis après je m'imaginais l'envoyer bouler. Le plus romantique des scénarios imaginait une rencontre, une joie de se revoir et...Non, je n'arrivais décidément pas à aller plus loin. La joie, c'est un concept trop compliqué pour le Kai que je connais. Alors les excuses...Je n'ai jamais pu imaginé ça, je savais que c'était impossible. C'est pour ça que je me retrouve comme une parfaite idiote, à ne rien dire. Il va pourtant falloir que je trouve quelque chose.

Carrie O. Wise - Vous n'êtes pas Malachai.

Les mots se sont échappés de mes lèvres. J'ai beau cherché, je ne peux pas concevoir que Malachai s'excuse pour quoi que ce soit. Quand j'ai poussé mon dernier soupir, il rigolait, tenant le couteau profondément dans ma poitrine. Ce ne peut pas être la même personne devant moi en ce moment. Ce petit mec indécis qui s'excuse n'est pas Kai Parker. Alors comment me connait-il ? Tout ça commence à devenir trop compliqué, je crois que je n'aurais jamais dû venir à Mystic Falls cet après-midi. Et si après tout, c'était vraiment Kai ? Serait-il guéri ? Non non, c'est pas possible, c'est pas logique et c'est pas envisageable. Mes mains ont arrêté de trembler, si ce n'est pas Kai, je n'ai rien à craindre.

Aussi dingue que cela puisse paraître, la voix de ce mec est totalement identique à mes souvenirs de Kai. Il a aussi ses yeux, sa silhouette, seule son attitude est différente. Mais c'est bien là tout le problème, je ne m'attendais pas à le croiser et d'ailleurs je ne le voulais pas. Depuis ma « mort », j'ai construis ma vie, j'ai créée une nouvelle identité. J'ai des amis, une famille en sécurité même si je ne peux plus les voir, en bref, j'ai tout reconstruit et son retour pourrait tout briser. Il n'y a que moi pour arriver dans la même petite ville que le mec qui m'a tué. Je n'arrive toujours pas à sortir cette phrase naturellement. Je suis intimement persuadée que le mec en face de moi est bien Malachai mais une petite partie de moi refuse d'y croire. Je ne voulais pas le revoir, je ne le veux toujours pas. Je ne veux pas lui pardonner.

Malheureusement pour la pauvre vampirette que je suis, je me sens mal de lui en vouloir. Je n'ai jamais su détester quelqu'un. Carrie Wise, tu es une incapable ! Ce mec, devant toi, qui est donc visiblement Malachai Parker t'a planté un couteau dans le ventre. Un couteau bordel ! De belles paroles, des yeux brillants, voilà donc tout ce qu'il te faut ? Tu es faible. Même en tant qu'humaine j'étais faible de toute façon, j'ai toujours été trop douce. Je crois que j'ai atteins facilement le niveau supérieur de la connerie.

Carrie O. Wise – Clairement, me tuer n'était pas la meilleure chose à faire. Pas pour moi en tous les cas.

Ma voix est plus douce, plus compréhensive. COMPREHENSIVE ? Mon dieu je suis pathétique. Et si Kai reprend du poil de la bête, il sera ravi de me le dire. Je me dit qu'il est peut être skyzophrène, ce qui serait une nouvelle étape de sa maladie mais ça deviendrait beaucoup trop bizarre pour moi. Je m'écarte d'un pas, histoire de mettre une distance raisonnable entre nous deux. S'il joue la comédie, je tiens à garder mon cœur dans ma poitrine. Même si Kai n'est pas un vampire. Mais Kai peut me découper sans problème alors on va éviter de l'embêter ;

Au fur et à mesure des minutes qui passent, je me sens de plus en plus mal à l'aise. Et je vois bien que son regard change également, au fil du temps. Je ne sais pas exactement ce qui a pu le changer mais quoi que ce soit, ce n'est pas permanent. Et dans ma situation, ce n'est pas rassurant, il lui suffit de m'arracher le cœur pour me tuer, une bonne fois pour toute cette fois ci. Je ne peux empêcher un frisson de me parcourir l'échine.

« Tu sais, j'ai changé »

Et le pire de tout ça c'est que je veux bien le croire. Après tout, il le dit lui-même, s'il était encore le même, il ne serait pas devant moi à ce moment. Il l'aurait été un court instant avant de soit m'ignorer royalement soit m'arracher la tête sans pitié avec un éclat de rire tellement...significatif. Je me rappelle même d'un article de journal, quelques jours après ma mort, qui racontait le massacre d'une famille, pas très loin de chez moi. La famille de Malachai. Je me souviens qu'en lisant ça, j'ai tout de suite pensé à lui mais on ne l'a jamais revu...Je l'ai cru mort. C'était stupide de penser que quelqu'un d'autre que lui puisse être assez dingue pour tuer toute une famille mais j'avais encore 20 ans à ce moment là.

Mais pourtant, malgré tout ça...Malgré la sociopathie, je le pense sincère quand il dit que « ce n'était pas bien ». Tu parles d'un euphémisme ! Le truc c'est que j'ai directement vu le changement dans son regard, dès les premiers instants. C'est sûrement stupide et je suis clairement trop naïve mais même si je ne lui fais pas confiance, évidemment que non, je le pense sincère. Dans la mesure du possible, tout au moins. D'un côté, j'ai envie de le baffer, de le faire souffrir pour avoir littéralement détruit ma vie à l'aube de mes 20 ans mais de l'autre je me dis que si je fais ça, je ne passerais jamais au dessus d'une mort qui a signé un changement radicale. Je me dois de vivre avec, en tant que vampire et la première chose à faire c'est apprendre à vivre sans ressentir une haine puissante pour cet homme qui visiblement n'est plus celui d'il y a quelques années.

Carrie O. Wise – Je te crois.

Ces mots sont sortis tous seuls mais je crois que j'en avais besoin. Malgré tout, je sens que son regard devient...Un peu plus normal. Je fais un pas en arrière, inquiète...Je me méfie de son impulsivité.

Carrie O. Wise – Est-ce que tu veux...Je sais pas....Aller boire un truc ? Non oublie c'est stupide, fais comme si je n'avais rien dit.

J'essaie de détendre la situation parce que là, je me sens extrêmement tendue. J'ai envie d'avancer et ces mots sont encore sortis tous seuls. Pourvu qu'il oublie, qu'on se sépare chacun de son côté et qu'on fasse comme si tout ça n'avait jamais existé.