Première visite (Jan & Rika)

La solitude était une sensation à la fois désagréable et apaisante, comme si le fait d’être seul apportait la sécurité. Dans cette ville, personne ne semblait avoir le droit à la solitude, comme si tous les habitants étaient liés d’une manière ou d’une autre. Pour le remarquer, il fallait être extérieur à ce schéma, exactement ce qu’était Rika. Cela faisait deux jours qu’elle séjournait ici et déjà son village lui manquait. Tout là bas était fait à sa convenance, normal la quasi-totalité des villageois était sous son emprise d’une manière ou d’une autre. Ici, elle ne connaissait rien et éprouvait même quelques difficultés avec certains mots de la langue.
Plus elle réfléchissait aux raisons de sa venue, plus celles-ci lui semblaient floues et peu crédibles. La discussion avec Kol ne l’avait pas aidée et elle soupçonnait de plus en plus une folie passagère d’être la cause de sa présence en ces lieux. Suivre une rumeur n’était pas sage, elle s’était comportée comme une gamine et se retrouvait coincée dans cette bourgade pour un temps indéterminé.

Rika séjournait tranquillement dans le salon, un livre dans les mains. Heureusement, la libraire du quartier disposait de pas mal de trouvailles et la vampire se plaisait à lire en anglais des livres qu’elle avait lu dans sa langue, cette démarche l’aiderait sans doute assez vite à mieux maîtriser la langue. C’était pendant qu’elle s’interrogeait sur la signification d’un mot et que son serviteur s’afférait à nettoyer correctement la cuisine jusque dans ses moindres recoins que l’on frappa à la porte. Voici un événement peu attendu. A part Kol et son frère bizarre, elle ne connaissait personne et la vampire n’avait pas une tête à apprécier les visites surprises des voisins un peu trop collants.

Elle posa son livre et se leva tranquillement pour aller ouvrir la porte. En chemin elle vérifia que son propre reflet lui plaisait dans un grand miroir avant de voir ce fameux visiteur. Ses doutes se confirmèrent, le visage lui était inconnu. Il s’agissait d’un homme aux cheveux bruns et avec de beaux yeux. Elle l’examina une fraction de seconde à la recherche d’un détail qui aurait pu lui rappeler qui que ce soit, en vain.


Rika n’avait pas l’habitude d’être aimable avec les étrangers, ni avec la majorité des gens qu’elle connaissait en fait. Cet homme n’échappera pas à la règle. De plus, il ne lui inspirait pas confiance, elle avait une mauvaise impression qui la saisit vigoureusement. Sans doute qu’une sorte de radar à problèmes venait de s’allumer et lui hurlait de refermer cette porte. Ou alors, sa légère paranoïa lui jouait des tours et il s’agissait simplement d’une erreur ou d’un voisin un peu idiot qui viendrait voir la nouvelle venue ou emprunter du sucre, une bêtise de ce genre. Avec un peu de chance il ne s’agissait que de ça, avec un peu de chance …