Un vent glacial ♦ Klaus/Kol/Rika

Pour une femme des contrées glacées, la ville de Mystic Falls était sans doute un peu trop douce au niveau des températures. Les décors aussi étaient bien différents de ceux de sa contrée natale. Sur le chemin allant de l’aéroport jusqu’à son nouveau chez-elle, son regard glacé s’était baladé sur les paysages variés qui s’offraient à elle. Ici des forêts faites d’innombrables arbres aux épais feuillages s’étendaient de part et d’autre de la route. Le ciel était serein et l’été sans doute déjà bien installé.

Pourquoi donc était-elle partie si loin de chez elle ? La distance entre son lieu actuel et sa chère maison se mesurait en milliers de kilomètres. Cela faisait une demie journée tout au plus qu’elle l’avait quitté et pourtant, son pays lui manquait déjà. Quelle folie que ce voyage, quelle futilité que son motif. Des rumeurs, voilà tout. Des rumeurs qui avaient appuyé son étrange envie de voyager, quelle bêtise. De plus, pour se rendre dans cette ville, emprunter la voie des airs avait été obligatoire. Inutile de décrire son malaise quand ce monstre de métal avait pris son envol dans un fracas épouvantable.

Heureusement, elle était bien là, les pieds sur terre, face à sa nouvelle demeure. Il s’agissait d’une maison avec un étage, assez petite mais qui ferait l’affaire et la pousserait à écourter le plus possible son séjour. Son serviteur le plus ancien, un homme d’une quarantaine d’année aux traits sévères lui ouvrit la porte et s’occupa de transporter les bagages et de tout ranger pendant que la vampire se prélassait dans un bain … froid. Peu de gens savaient tous les bienfaits qu’ils pouvaient avoir à condition de baisser la température de l’eau de quelques degrés.

Régulièrement, une goutte tombait du robinet mal fermé et allait s’écraser dans l’eau, perturbant son calme. Les yeux bleus de la maîtresse de maison étaient fixés sur ce phénomène alors que ses pensées se mêlaient et s’entremêlaient et ce pendant près d’une heure. Lorsqu’elle en sortit, elle fut heureuse de voir que ses ordres avaient été suivit. Les livres étaient classés dans un ordre bien précis, la télévision présente de base avait été renvoyée dans la chambre de son serviteur et seul restait un téléphone fixe. La cuisine n’était pas tout à fait propre mais son compagnon de voyage s’afférait à la nettoyer.

Nullement fatiguée du voyage, elle ouvrit sa garde robe qui contenait déjà ses tenues. Elle sélectionna une robe pourpre courte sans manches et une paire de talons noirs. Sa tenue se compléta de quelques bracelets et colliers comme à son habitude. Ses cheveux étaient lâchés pour une fois et arrivaient à la moitié de son dos. Elle se maquilla légèrement, presque juste pour la forme, les vampires n’avaient pas besoin de ce genre d’artifices. Son sac contenant son portefeuille et les clés de son nouveau domicile, elle sortit de cette affreuse bâtisse pour aller découvrir cette nouvelle ville et peut-être apprendre un peu plus sur ces fameuses rumeurs qui avaient traversées la moitié du monde.

Ses pas la conduisirent loin du centre animé de la ville et ce, par pure habitude. Elle préférait flâner dans le quartier des belles habitations. L’une d’elle attira même son attention. Elle était construite différemment des autres, plus récente aussi. Elle vit sans doute l’un de ses propriétaires s’approcher pour rentrer chez lui. Bien que cela faisait plus de cent ans que son visage n’avait pas été épié par ses yeux, elle le reconnut avec une grande facilité. Il s’agissait de Kol Mikaelson, un des vampires originels ou une histoire comme ça. Ils s’étaient rencontrés en Norvège, la blonde lui avait servit d’hôte lors d’un hiver particulièrement violent. En ce qui concernait les histoires des originels, elle était presque innocente tant elle n’y connaissait rien. Kol l’avait mise au courant des bases des histoires sans vraiment s’étendre et elle n’avait pas cherché à en savoir plus. Mieux valait éviter les histoires avec des vampires de plus de mille ans. Néanmoins, si quelqu’un était au courant des rumeurs qui l’avaient attirée ici, l’originel devrait en être. Après tout, sa famille semblait avoir beaucoup d’appui. Ce fut donc dans l’espoir d’en apprendre un peu plus qu’elle l’interpella et s’avança vers elle. Son visage portait un sourire, très léger. Il ne fallait pas non plus exagérer.

Rika se posta devant lui et se présenta :

« Rika Igelström, peut-être te souviens-tu de moi. L’hiver 1889 en Norvège. »

Son anglais était correct mais son accent toujours assez présent, bien que peu dérangeant. Elle n’avait pas souvent l’occasion de pratiquer les langues étrangères. Heureusement, en 600 ans, elle avait quand même pu apprendre de quoi convenablement tenir une conversation. Sa connaissance des langues anciennes voire mortes était beaucoup plus grande. Quant à son accent, il était compensé par le caractère suave de sa voix, son qui plaisait souvent aux hommes et annonçait presque toute la tromperie et le machiavélisme dont était capable la vampire des contrées nordiques.

ous les détails étaient réglés, je n'avais plus qu'à préparer mes affaires pour ce long voyage qui m'attendait avec Jan. Dans ma vie actuelle, beaucoup de choses se bousculaient, je ne prenais plus vraiment la peine de tenir ma famille informée. Elijah ayant déserté, je ne voyais Klaus que trop peu souvent pour avoir l'occasion lui parler de la menace qui pesait sur nos épaules. Et pourtant il allait bien falloir que j'ai une discussion avec mon bien-aimé frère qui n'était si bien-aimé que cela... Quant à Rebekah, elle était sans doute la seule à chercher encore des solutions. Nous savions tous deux que les sorcières qui s'approchaient à grands pas de Mystic Falls dans l'unique but d'exterminer toutes les créatures surnaturelles n'avaient été motivées que par la vengeance qu'elles souhaitaient prendre. Klaus avait fait massacrer leur coven, sous les yeux de toutes les espèces surnaturelles existantes à ce jour qui étaient restées stoïques face à cela, les sorcières réclamaient dédommagement, et c'était par la vie de toute la population surnaturelle de Mystic Falls qu'elles comptaient l'obtenir. Rien d'attrayant en somme, mais que pouvais-je bien y faire ? Attendre de pied ferme qu'elles arrivent. Je n'étais pas enjoué à l'idée de tuer des sorcières, ayant un profond respect pour la magie, mais ma vie était en jeu alors... Aux grands maux les grands remèdes.

Malheureusement ce n'était pas tout, je devais en plus faire face à un coven de sorciers finlandais, décidé d'éradiquer la moindre trace de Jan Makkara de cette planète. Et ma vie était liée à ce sorcier, voilà qui était joyeux, n'est-il pas ? Ce n'était pas la raison pour laquelle je me rendais en Finlande avec mon frère sorcier, mais c'était un problème que j'allais devoir gérer d'une main de maître une fois de plus, pour éviter de mourir dans d'affreuses circonstances. Oh, nuance : je vais devoir mourir en même temps que Jan pour faire croire aux sorcières finlandaises que leur petite abomination était bel et bien morte. Que n'étais-je pas prêt à faire pour sauver ma peau...

Je soupirais... L'été pointait le bout de son nez à Mystic Falls, vaine compensation de la part de mère nature après tous les efforts que je fournissais en ce moment. J'avançais à travers les rues des quartiers résidentiels, toutes les maisons se ressemblaient c'était affligeant, la seule chose qui pouvait les différencier était peut-être la couleur du gazon, plus vert chez l'un que chez l'autre... Voilà à quoi j'en étais réduit : disserter sur la couleur de l'herbe. C'était glorieux n'est-ce pas ? Je me disais que je n'aurais peut-être pas dû suivre ma fratrie jusqu'ici. Après qu'on m'ait retiré la dague plantée dans le cœur par les soins de Niklaus, j'aurais simplement dû partir et recommencer une nouvelle vie ailleurs. Retourner en Afrique peut-être, ou ailleurs, il y avait beaucoup de choix.

Me voilà finalement bientôt arrivé devant cette grande bâtisse que je partageais avec Nik' et Beks, elle était au moins assez grande pour que je puisse mettre entre nous une certaine distance. J'avançais tranquillement dans l'allée qui menait à la porte d'entrée quand je sentis un frisson me parcourir l'échine, je me sentais observé. N'ayant pas envie d'alerter la personne qui avait posé ses yeux sur moi, je continuais mon chemin feignant l'indifférence et l'ignorance. J'étais passé maître dans l'art de l'ignorance de toute façon, avec Rebekah c'était parfois utile. Finalement quelqu'un me héla, j'arrivai sous le porche et me retournai. Une grande blonde arriva vers moi, avec un sourire très léger sur le visage.

Je l'aurais reconnue entre mille, ces yeux, ce sourire, cette chevelure... C'était Rika Igelström, une vampire que j'avais eu le plaisir de rencontrer durant l'un de mes nombreux voyages en Europe dans les années 1800. J'avais passé un hiver Norvégien avec elle, la jeune femme avait eu l'amabilité de m'offrir l'hospitalité pendant cette saison particulièrement difficile, surtout dans les pays nordiques. Grâce à elle j'avais pu découvrir les coutumes et la culture locale, j'avais passé un séjour intéressant. J'avais bien tenté de lui inculquer plus de connaissances sur les Originels qu'elle n'en possédait, mais elle ne s'était pas montrée très curieuse sur le sujet, elle s'était contenté du strict minimum. Il était clair à mes yeux qu'elle ne souhaitait pas en savoir plus, éviter les conflits liés au nom Mikaelson avait sans aucun doute été l'une des meilleures décisions de sa vie. Revoir un visage familier était plaisant.

« Rika Igelström, peut-être te souviens-tu de moi. L’hiver 1889 en Norvège. »

Comment l'oublier ? Je lui rendis son sourire et inclinais la tête pour la saluer. Son accent était toujours aussi suave et mélodieux pour moi, je l'admettais, j'avais toujours eu un petit faible pour les accents. Son anglais était toujours correct, je dirais même mieux, en résumé : c'était agréable de la revoir.

« Bien sûr. Je me souviens très bien de toi, et de ce fameux hiver. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas croisé, heureux de te revoir Rika. Qu'est-ce qui peut bien t'amener à Mystic Falls ? Le climat n'est pas le même qu'en Norvège. »

Vu le soleil qui commençait à pointer doucement le bout de son nez, c'était clair comme de l'eau de roche. La fraîcheur polaire de la Norvège devait sûrement lui manquer un peu.

C’était étrange que le Destin ait remis le jeune voyageur sur son chemin. Après tout, c’était un originel, l’un des premiers vampires. Il était donc autant source d’ennuis que source de pouvoirs inimaginables. Si sa mémoire n’était pas infidèle, pendant ce fameux hiver, ils avaient eu de nombreuses conversations et Rika avait vraiment apprécié écouter les récits de voyage de Kol. Il avait aussi énormément de culture malgré les traits enfantin qu’il avait gardé après sa transformation. Pour sa part, l’hôte lui avait compté l’histoire mystique de son pays avant d’apprendre qu’il était également né sur ces terres mais bien avant elle. En dehors de son mari, Rika n’avait jamais rencontré de vampire plus vieux qu’elle. En résumé, l’originel était l’une des rares personnes dont la compagnie lui avait manquée. Pour lui signifier, son sourire s’agrandit un peu plus, atteignant presque la taille de celui d’une personne normale.

« Bien sûr. Je me souviens très bien de toi, et de ce fameux hiver. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas croisé, heureux de te revoir Rika. Qu'est-ce qui peut bien t'amener à Mystic Falls ? Le climat n'est pas le même qu'en Norvège. »

Oui, le climat était très différent. Bien que son petit village n’était pas toujours aussi glacé et enneigé que les gens le croyaient, les températures étaient différentes. Ici, même le vent était chaud. Quant à la raison de sa venue, elle se demandait s’il était vraiment sage de dire la vérité directement. Après tout, même si elle appréciait son interlocuteur, elle restait sur ses gardes et choisit de ne pas dévoiler directement toutes ses cartes.

« Oui, le temps est bien différent mais ce sont surtout les gens qui me semblent tout autres. C’est ce qu’on appelle le choc des cultures »

Elle ponctua sa phrase d’un petit rire avant de remettre une mèche derrière son oreille où pendait une boucle d’argent et de diamant. Histoire de garder contenance pendant que son cerveau tournait à cent à l’heure pour trouver une réponse crédible, elle maintient le contact visuel, chose qui avait tendance à déstabiliser tout interlocuteur masculin et lui permettait ainsi de gagner du temps. Une idée lui vint et son regard s’alluma au même instant.

« Quant à la raison de ma présence dans cette ville, je me lassais de mes terres et ait donc choisit de visiter ce nouveau monde dont tout le monde me parlait. Dans cette ville où tout le monde est grossier, New York, d’autres vampires m’ont dit que si je faisais un détour par Mystic Falls, je pourrais sans doute y croiser un original du nom de Kol. Alors me voilà. Pour une fois, les rumeurs ne mentent pas »

Lui faire croire que leur rencontre tenait plus d’une volonté quelconque de la blonde que du simple hasard permettrait aussi sans doute toucher même inconsciemment son interlocuteur. Mettre les gens dans sa poche, tel était un des dons de Rika.

« Mais assez parlé de moi. Comment vas-tu depuis presque cent cinquante ans ? Tu voyage toujours en solitaire ? C’est ta demeure ? »

Elle tourna son regard sur la bâtisse pour ponctuer sa phrase. Technique numéro deux : laisser un homme parler de lui-même en des termes élogieux et de ses réussites. Bon dieu, qu’est-ce qu’ils pouvaient être simples quand même. Oui, Rika était un poil sexiste sur les bords.

e venais de faire la rencontre d'une de mes vieilles connaissances, Rika Igelström, une jeune femme vampire que j'avais eu le plaisir de connaître en Norvège lorsque j'y voyageais. Elle avait eu la délicatesse de m'offrir un toit durant l'hiver difficile de l'époque. J'étais plutôt agréablement surpris de la retrouver ici, c'était ce genre de bonne surprise que nous réservait parfois la vie, ou appelez ça le Destin... Néanmoins je me demandais bien ce qui l'avait amenée dans cette chère petite ville qu'est Mystic Falls. Je n'avais pas hésité à le lui demander, ma curiosité avait besoin d'être comblée et j'étais avide de réponse. Je vis son sourire s'élargir un peu plus sur son visage, je supposais que le plaisir était partagé.

« Oui, le temps est bien différent mais ce sont surtout les gens qui me semblent tout autres. C’est ce qu’on appelle le choc des cultures. »

Je me contentais de sourire pour toute réponse, et le rire qui émanait de sa gorge me laissait croire que ce n'était pas non plus si difficile à vivre pour elle. Mais il fallait bien avouer que les Américains pouvaient parfois être un peu brutes de pomme, voire, rustres. Les Européens étaient bien différents, je me souvenais encore de ma réaction lorsque j'étais revenu en Amérique après mes longs voyages en Europe et en Afrique. Mais, tout cela ne répondit pas à ma question : quelle était la raison de sa présence ici ? Je l'observais, attendant patiemment sa réponse, peut-être cherchait-elle ses mots en anglais ? Elle me fixait dans les yeux tout en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille.

« Quant à la raison de ma présence dans cette ville, je me lassais de mes terres et ait donc choisit de visiter ce nouveau monde dont tout le monde me parlait. Dans cette ville où tout le monde est grossier, New York, d’autres vampires m’ont dit que si je faisais un détour par Mystic Falls, je pourrais sans doute y croiser un original du nom de Kol. Alors me voilà. Pour une fois, les rumeurs ne mentent pas. »

Rika lassée de ses terres ? J'avais bien du mal à y croire. En 600 années d'existence il ne me semblait pas qu'elle ait quitté ne serait-ce qu'une seule fois ses terres pour venir jouer la touriste ailleurs. Il y avait, comment dire... Anguille sous roche.

« Oui parfois les rumeurs sont vraies, mais alors tu as eu le plaisir de visiter New York ? Cette ville est particulièrement sale, tu devrais essayer Chicago, c'est un peu plus potable dans l'ensemble. Enfin, tu as fait tout ce chemin pour me rendre visite et vérifier si des rumeurs étaient vraies ? Voilà qui est bien aimable de ta part, tu ne dois pas être déçue, tu n'es pas venue pour rien. »

Et j'avais surtout l'impression qu'elle me prenait pour un idiot né de la dernière pluie. Ma question au sujet de la raison de sa venue avait peut-être été trop indiscrète pour elle, mais elle aurait pu choisir de me le dire directement si c'était le cas. Cette femme recelait des secrets depuis toujours, je ne m'inquiétais pas trop. Après, peut-être étais-je mauvaise langue, peut-être avait-elle réellement eu envie de venir me rencontrer de nouveau, dans cette charmante bourgade... J'en étais quelque peu touché, il était vrai que de toute mon existence, peu de personnes avaient eu cette attention envers moi. Je lui souriais, reconnaissant.

« Mais assez parlé de moi. Comment vas-tu depuis presque cent cinquante ans ? Tu voyage toujours en solitaire ? C’est ta demeure ? »

Elle tourna la tête pour admirer la grande maison faite faire par Niklaus lui-même. C'était une belle fierté dans l'ensemble, c'était la demeure familiale, la demeure des Mikaelson. Elle imposait le respect. Je souriais et l'admirais à mon tour.

« Oh, cette grande bâtisse est la demeure de ma famille, ma sœur Rebekah et mon frère Niklaus y vivent avec moi actuellement. Elle a été construite il y a longtemps sous les ordres de mon frère, elle n'a pas bougée depuis. Enfin, c'est toujours plaisant d'avoir sa maison, son domaine. Mais sinon, non ma chère Rika, je ne voyage plus en ce moment, j'ai eu quelques... Difficultés il y a peu, qui ont fait que j'ai préféré jeter l'ancre ici auprès de ma famille. »

Les véritables raisons étaient : Mon frère Niklaus m'a planté une dague dans le cœur pendant un bon nombre d'années, et j'ai été libéré par les bonnes grâces de mon frère Elijah qui a disparu aujourd'hui. Mais je m'abstenais de lui livrer ce récit en détail, elle pourrait peut-être se demander ce qui n'allait pas dans la tête de Klaus pour agir de la sorte.

« Mais à part ça je vais très bien. Et toi alors ? »

Je m'apprêtais à en dire plus quand un bruit de pas me sortit de mes pensées. Je tournais la tête vers la source du dérangement, il s'agissait de Niklaus qui arrivait vers nous tranquillement. Speaking of the devil... Arrivé à notre hauteur, il afficha un sourire poli. Il avait l'air un peu préoccupé, et ça faisait un certain temps que je ne l'avais pas vu, peut-être qu'il avait des informations sur les sorcières...

« Je ne savais pas que nous avions une invité. Mais enchanté, je m'appelle Klaus Mikaelson. »

Je ne m'attendais pas à autant de politesse de la part de mon frère, mais la présence de Rika devait l'intriguer. Il ne l'avait jamais vue et j'avais pris soin de ne jamais lui parler d'elle, comme je le disais, moins en savoir sur les Mikaelson était égal à : moins de chance de mourir. En général. Il y en avait qui réussissaient à vivre malgré tout, mais je doutais que Rika veuille s'encombrer de tout cela.

« Rika, c'est bien ça ? »

Oh, il avait écouté notre conversation. Je me demandais depuis quand d'ailleurs, mais bon, la discussion n'avait été que des échanges de politesses pour l'instant.

« Bonjour à toi aussi Niklaus. »

Oui, j'étais là moi aussi. Enfin. Peu importe, j'étais un homme courtois.  

L’excuse qu’elle avait donnée n’avait peut-être pas convaincu Kol. Ce n’était pas grave, il saura bien la vérité à un moment, il ne s’agissait pas non plus d’un secret d’état. Elle ne désirait tout simplement pas en parler directement.


En vérité, elle n’avait foulé le sol d’aucune de ces villes et quant à sa présence en cet endroit, effectivement, ce n’était pour rien. Après tout, ils ne faisaient qu’échanger des banalités vulgaires. Malheureusement, la politesse les rendait obligatoire avant de laisser les vraies choses se produire. Elle le questionna sur son domaine et il répondit assez vite. Sans doute devait-il en être fier. En tout cas, il y avait de quoi.


Kol lui avait un peu parlé de sa famille. Si sa mémoire n’était pas infidèle, Rebekah était la seule fille de la fratrie – pauvre d’elle – et Niklaus était le taré de la fratrie, grand bien lui fasse. Bien sûr, le vampire n’avait pas utilisé ses termes mais Rika s’était amusée à tirer ses propres conclusions bien que les informations soient légères. N’avait-il pas encore d’autres frères ? S’il avait choisit de ne pas en parler c’était sans doute qu’ils étaient à leur tour en voyage. Ou dans un cercueil. Avec cette race sauvage, tout était possible.
Ce qui l’intriguait, c’était les difficultés qu’il avait évoquées. Quel genre de problèmes pouvait avoir un immortel de son rang ? C’était assez difficile à imaginer sans tomber dans des dérives fantaisistes. Peut-être se confiera-t-il plus tard.


Comment expliquer qu’elle était loin de ses terres parce que son ancien mari avait trouvé intéressant de la siffler comme un chien bien dressé ? Sans doute fallait-il mieux garder cette information pour un peu plus tard. Alors qu’elle ouvrit la bouche pour s’étendre dans d’autres banalités, un personnage fit son apparition. Il avait un sourire poli sur le visage et un vague air de famille avec Kol. Pour la partie déduction, c’était simple. Soit il s’agissait de Rebekah soit du fameux Niklaus. Hum … Il n’avait pas trop une tête à s’appeler Rebekah. Rika pencha pour la deuxième option. L’ébauche de sourire qu’elle avait s’effaça. Sa méfiance naturelle pour tout spécimen humain ou vampire non-décédé lui donnait envie de s’en aller. Moins elle connaissait de gens, mieux elle se portait. Et ainsi depuis plus de six cent ans.

Le nouveau venu s’adressa d’abord à son frère :


Enchanté ? Elle doutait sincèrement qu’il le soit. Encore ces formules de politesses qui rendait chaque conversation si hypocrite. Après tout, elle n’était qu’une intruse dans son domaine.


Oh, en plus il avait écouté leurs banalités. Elle avait presque envie de répondre non juste pour le fun.


Kol s’exprima à son tour. Visiblement, l’ordre naturel des choses voulait que ça soit à Rika de s’exprimer. Elle récupéra son semblant de sourire pour répondre à Kol en premier :


Elle se tourna ensuite face à cette nouvelle connaissance plus grande mais qu’elle fixa malgré tout dans les yeux une seconde courte mais suffisante pour montrer qu’elle n’avait pas du tout apprécié l’irruption. Néanmoins, son ton n’était ni agressif, ni froid, juste très neutre.


Même si Rika ne portait pas particulièrement sa famille dans son cœur, elle était assez fière de son nom. Elle avait énormément de mal avec les étrangers. Kol aussi y avait eu droit au début bien qu’aujourd’hui, elle devait mettre sa fierté de côté et avouer qu’elle était plutôt heureuse de le revoir. Sans compter qu’avoir des connaissances dans un endroit nouveau était assez agréable.

lors que je discutais poliment avec Rika, une jeune blonde que j'avais rencontré en Norvège lors de l'un de mes nombreux voyages autour du monde. Elle m'avait offert l'hospitalité durant un hiver particulièrement rude, que même un vampire Originel aurait du mal à tolérer. Grâce à ce séjour j'avais pu en connaître davantage sur les coutumes Nordiques, sur l'histoire de Rika et de ses contrées. En retour, je lui avais parlé de l'histoire de ma famille, ne rentrant jamais dans les détails, elle préférait se contenter des grandes lignes, en tirant des conclusions d'elle-même.

Quelle ne fut pas ma surprise quand nous nous fîmes interrompre par mon frère, Niklaus. Je ne m'attendais pas à sa venue, cela faisait un certain temps que nous ne nous étions pas croisé ou rencontré. J'avais été assez occupé avec Jan de toute façon, et mes recherches sur la menace qui pesait sur nous, Originels, mais aussi sur tout ce qui s'apparentait de près ou de loin à une créature surnaturelle avaient été utiles. Quoiqu'il en soit je constatais que mon frère avait écouté notre conversation, je ne savais pas exactement depuis quand, mais le connaissant il avait du en entendre une bonne partie. Cela s'était confirmé lorsqu'il avait demandé à mon amie si elle se nommait bien Rika. La blonde avait perdu le sourire qui s'était peu à peu dessiné sur son visage, c'était dommage.

« Je suis heureuse que tu te portes bien. Quant à moi, Je suis arrivée il y a à peine quelques heures et le décalage horaire ne me plait guère mais, il n’y a rien de grave. Je ne voudrais pas être brute ou grossière mais, est-ce que tu connais bien les vieux vampires de la ville ? »

La Norvégienne avait littéralement ignoré la question de Nik'. J'aurais presque rit de bon cœur, l'hybride ne devait pas être habitué à ce genre de chose. Je me contentais de sourire, prêt à lui répondre lorsqu'elle se tourna finalement vers lui. Ça allait devenir intéressant.

« Pourquoi poser une question dont vous avez déjà la réponse ? Il y a tant de choses à savoir sur une personne. Pourquoi se concentrer sur mon prénom ? Je ne pense pas qu’il vous soit familier. Je me trompe ? Si c’est mon nom de famille que vous souhaitez, c’est Igelström. Origines norvégienne, noblesse suédoise. Une autre question peut-être ? »

Elle avait toujours autant de mordant et ne se laissait pas faire. Après tout même si elle n'était pas une Originelle, dans mes souvenirs Rika était vampire depuis bien longtemps, elle pouvait tout de même rivaliser avec Klaus et se permettre de lui rétorquer des phrases cinglantes. A voir s'il allait apprécier. En tout cas moi, oui. J'aimais beaucoup le caractère de la blonde.

Malheureusement je m'attendais à une tête agacée de la part de mon frère, je n'eus droit qu'à un sourire m'étant destiné. Il se rappelait finalement ma présence ?

« Excuse-moi, Kol, il est vrai que j'aurais pu prêter un peu plus attention à toi, mais j'étais tout de même grandement intrigué par cette présence féminine, comprends-tu ? »

Non puisque ce n'était pas la présence féminine qui t'intéressait, c'était avant tout la présence en elle-même. Tout simplement. Il avait été intrigué de voir un nouveau vampire en ville, discutant cordialement avec un Originel qui semblait la connaître, plus ou moins bien. Voilà ce qui l'avait interloqué, mais je n'allais rien dire, je le laissais se justifier.

« Quel nom magnifique. Je me devais de poser la question afin d'en être bien sûr, le vent aurait pu déformer mon ouïe. J'apprécie votre caractère, il devient rare de croiser de jeunes femmes montrant fièrement leur assurance. C'est intéressant. »

Je levais les yeux au ciel... Le vent. Qu'est-ce qu'il n'allait pas chercher. En revanche je ne savais pas s'il appréciait vraiment le caractère de la vampire qui se tenait face à lui, il ne s'était pas départi de son sourire, cet homme était parfois indéchiffrable. Il tourna de nouveau le regard vers moi.

« Je me rends bien compte que j'ai coupé votre conversation, vous m'en voyez tous les deux désolé. Vous savez quoi ? Je vais vous attendre à l'intérieur, terminez vos échanges de souvenirs, après tout, quelle énorme coïncidence de croiser de vielles connaissances, pas vrai, Kol ? »

Pourtant s'il y avait bien quelque chose que je pouvais concéder à mon frère, c'était qu'il n'avait sans doute pas tort. La venue de Rika n'était peut-être pas une simple coïncidence. Cependant je restais persuadé en mon for intérieur qu'elle n'était pas une menace. Pas pour moi en tout cas. Enfin je l'espérais. Niklaus tourna les talons et rejoint la maison, je l'entendis s'installer dans le salon, il devait sûrement encore écouter notre conversation. Comment voulait-il que j'en sache plus s'il nous épiait ? Rika aussi devait se douter qu'il était toujours en train de nous écouter, elle n'allait pas se livrer sur les véritables raisons qui l'avaient amenée à Mystic Falls, si ce n'était pas cette histoire de rumeur. Bien sûr ça restait plausible mais peut-être qu'une autre raison l'avait motivée à venir ici. Sa question m'avait interloqué. Je tournais la tête vers elle.

« Excuse les manières de mon frère, il n'est pas toujours très agréable. Il a l'air de t'apprécier cela dit, je ne sais pas si c'est vraiment une bonne nouvelle pour toi. Enfin... Donc tu me demandais si je connaissais bien les vieux vampires de la ville ? »

Hum, c'était une bonne question. Les seuls vampires de longues dates, si l'on pouvait dire cela comme ça, étaient les Originels bien sûr, et les Salvatore. Mais eux était plus souvent occupé à se chamailler le cœur d'Elena Gilbert, je doutais qu'ils représentent un quelconque intérêt pour la blonde.

« Il y a toujours les frères Salvatore mais je ne vois pas trop en quoi ils pourraient t'être utile, bien que je ne sache pas ce que tu cherches. Chez les vieux vampires je veux dire. Il y a toujours Tatia Petrova qui est revenue d'entre les morts. Je ne sais pas si tu te souviens mais c'était grâce à son sang que ma mère avait pu nous transformer en vampire ? Elle est revenue du jour au lendemain, vampire. Nous n'arrivons toujours pas à l'expliquer, mais il semblerait qu'elle ait disparu de la circulation... »

Je réfléchissais toujours, il y avait toujours aussi Aaron Gallagher, mais il n'était pas si vieux que cela. Et surtout il passait sa vie reclus dans la forêt à boire des bouteilles d'alcool. Cherchant désespéramment le pardon de Kyra Kingslayer.

« Oh tant que j'y pense, fait attention. Il y a plusieurs chasseurs de vampire en ville, ils peuvent être dangereux. »

Je ne voyais pas très bien quoi ajouter de plus à tout cela. Et Niklaus pouvait bien écouter tout ça, il était déjà au courant. Rika elle, en revanche, ne l'était pas, il me semblait évident de la prévenir. Pour ce qui était de la menace sorcière, je lui en parlerais quand je serais sûr qu'on ne risque pas d'être espionner. Je me rappelais alors qu'elle m'avait dit qu'elle n'était arrivé que depuis quelques heures et que le décalage horaire ne lui plaisait pas. Je me demandais si elle avait un endroit où loger.

« Sinon, tu sais où loger le temps de ton séjour à Mystic Falls ? Vu que tu viens d'arriver, peut-être que tu n'as pas encore eu le temps de chercher. »

C'était l'occasion pour moi de lui rendre la pareille, de faire râler Niklaus, mais aussi de pouvoir en savoir plus sur ce qu'elle était devenue depuis tout ce temps. Bref, aujourd'hui, j'étais de bonne humeur. C'était peut-être de retrouver Rika qui me rendait comme tel.  

Son regard glacé restait fixé sur cet étranger. Bien sûr qu’il était sur ses terres et dans son droit mais, pour elle, il n’était rien d’autre qu’un homme dont elle connaissait vaguement l’identité. Son inconscient détailla le visage qu’elle avait face à elle et en enregistra le moindre détail. Si les yeux sont une fenêtre sur l’âme, le visage peut des fois en être son miroir. La créature du nord voyait dans les traits de son interlocuteur une grande noblesse qu’elle retrouvait également chez Kol. Elle y décelait aussi autre chose de plus particulier, quelque chose sur laquelle elle ne savait mettre de mot pour le moment. Cela ne devrait plus tarder si les deux individus étaient amenés à continuer cette conversation ou à en aborder une autre des circonstances différentes de celles-ci.

Utilisant la même technique qu’elle, il ne lui répondit pas de suite, préférant s’adresser à son frère en affichant un sourire qu’elle percevait comme faux.

« Excuse-moi, Kol, il est vrai que j'aurais pu prêter un peu plus attention à toi, mais j'étais tout de même grandement intrigué par cette présence féminine, comprends-tu ? »

Grandement intrigué par une présence féminine ? Ce léger détail réussit à lui faire esquisser un demi-sourire tout aussi léger. Soit le terme de « présence féminine » était simplement poli ou cachait d’autres termes peu courtois, soit, le frère n’était pas habitué à voir des femelles de son espèce sur ses terres. Cette simple idée réussit à découdre complètement le mythe qu’avait créé le manque de connaissances qu’elle avait à son sujet. Ensuite, il lui répondit avec un sourire qu’elle interprétait toujours comme faux.

« Quel nom magnifique. Je me devais de poser la question afin d'en être bien sûr, le vent aurait pu déformer mon ouïe. J'apprécie votre caractère, il devient rare de croiser de jeunes femmes montrant fièrement leur assurance. C'est intéressant. »

Le compliment sur son nom l’étonna un instant. Elle se rappela ensuite qu’il devait être habitué à de telles sonorités puisque la famille de Kol était originaire des mêmes déserts de glace qu’elle. S’il appréciait réellement son caractère, il allait être servit. Tant qu’elle ne serait pas obligée de le côtoyer trop longtemps, Rika ne changera pas d’attitude.

« Je me rends bien compte que j'ai coupé votre conversation, vous m'en voyez tous les deux désolé. Vous savez quoi ? Je vais vous attendre à l'intérieur, terminez vos échanges de souvenirs, après tout, quelle énorme coïncidence de croiser de vielles connaissances, pas vrai, Kol ? »

Cette fois il s’adressait de nouveau à son frère et Rika eu une étrange sensation. Derrière ce sourire se cachait quelqu’un qui allait lui attirer des ennuis. Il remettait en cause les raisons de la présence de l’étrangère et il avait bien raison. Ses pas le conduire vers l’intérieur de sa demeure. Nul doute qu’il comptait bien être au spectacle à écouter leur conversation. Comment pouvait-on faire comprendre à un gamin qu’il n’était pas poli d’écouter aux portes ? En lui faisait écouter quelque chose qui ne lui plairait pas. Un bon nombre de phrases lui vinrent en tête mais, elle n’était pas sûre qu’il écoutait réellement et se faire des ennemis des le premier jour n’était pas conseiller.

« Excuse les manières de mon frère, il n'est pas toujours très agréable. Il a l'air de t'apprécier cela dit, je ne sais pas si c'est vraiment une bonne nouvelle pour toi. Enfin... Donc tu me demandais si je connaissais bien les vieux vampires de la ville ? »

L’apprécier ? Elle en doutait fortement mais ce n’était pas grave. Elle n’était pas ici pour se faire des amis ni des ennemis.

« Il y a toujours les frères Salvatore mais je ne vois pas trop en quoi ils pourraient t'être utile, bien que je ne sache pas ce que tu cherches. Chez les vieux vampires je veux dire. Il y a toujours Tatia Petrova qui est revenue d'entre les morts. Je ne sais pas si tu te souviens mais c'était grâce à son sang que ma mère avait pu nous transformer en vampire ? Elle est revenue du jour au lendemain, vampire. Nous n'arrivons toujours pas à l'expliquer, mais il semblerait qu'elle ait disparu de la circulation... »

Le nom de Salvatore lui était complètement étranger mais elle devinait une sonorité italienne. Peu importe ce n’était pas le nom qu’elle attendait. Quant à la Petrova, elle se rapprochait géographiquement parlant mais ce n’était toujours pas la bonne personne. Elle ne se souvenait pas que c’était cette femme qui avait servit à créer les originels. Elle devait être précieuse à leurs yeux.

« Oh tant que j'y pense, fait attention. Il y a plusieurs chasseurs de vampire en ville, ils peuvent être dangereux. »

Des chasseurs ? Comme les loups-garous, elle n’en n’avait jamais rencontré et n’avait entendu que des rumeurs. Après tout, quel chasseur serait assez fou pour traverser des contrées gelées dans le seul but de tuer une vampire qui vivait seul parmi une petite centaine d’humains.

« Sinon, tu sais où loger le temps de ton séjour à Mystic Falls ? Vu que tu viens d'arriver, peut-être que tu n'as pas encore eu le temps de chercher. »

Elle comprenait qu’il cherchait à payer l’infime dette qu’il avait envers elle.

« Voilà beaucoup d’informations. Pour les chasseurs, je serai prudente mais, je n’en n’ai jamais rencontré personnellement et j’espère que cela continue ainsi. Cela fait des siècles que je vis au milieu des humains, je pense pouvoir passer inaperçue. Pour mon séjour, j’ai loué une petite demeure que mon serviteur passe au nettoyage complet tellement elle est abjecte. La surface totale ne fait pas celle de ma chambre chez moi »

Rien que d’y penser, une grimace tordit son visage de porcelaine. Quelle folie que d’être partie si loin pour presque rien. D’ailleurs, depuis qu’elle était ici, un mauvais pressentiment ne la quittait pas comme si elle s’était jetée dans un piège. Peut-être serait-il plus sage d’avertir Kol.

« Pour être honnête, c’est le hasard qui m’a conduit jusqu’à toi mais je t’assure que je suis vraiment heureuse de te revoir. J’espère que ton frère écoute, peut-être est-il au courant de quelque chose. Je ne sais pas si tu te souviens mais, un soir, l’alcool m’avait poussé à te raconter mon enfance. Je ne vais pas m’étendre mais, l’homme qui m’avait achetée et épousée aurait refait surface. Son invitation à le rejoindre ici était plus que claire. C’était un humain, ou plutôt une humaine, une petite fille comme celle que j’étais à l’époque qui était venue me dire qu’il m’attend … Avant de se suicider, ruinant mon tapis par la même occasion. »

L’inquiétude était apparue dans ses yeux un bref instant. L’invitation l’avait grandement déstabilisée. Les siècles n’avaient pas suffit à effacer les souvenirs de cet enfer enfantin.

« Je pense que c’est lui qui va me trouver. En fait, je n’ai même aucun doute là-dessus. Je ne comprends juste pas pourquoi après tant de siècle il pourrait requérir ma présence, ça n’a pas de sens. Je ne veux pas t’attirer d’ennuis ou te mêler à des affaires qui ne sont pas les tiennes, je voudrais juste savoir si le nom de Melker t’est familier. La dernière fois que j’ai entendu parlé de lui c’était au dix-septième siècle et il était toujours très attaché à son Europe de l’Est. Je ne comprends pas ce qui aurait pu l’amener ici et encore moins pourquoi il voudrait que je le rejoigne. Je n’ai pas peur de lui, je sens juste venir les ennuis. Mais c’est peut-être ma méfiance naturelle qui me joue des tours. »

Rika avait été honnête du début à la fin de ses explications, comme preuve, son ton s’était légèrement adouci et son accent s’était intensifié car elle ne faisait pas très attention aux mots qu’elle utilisait. Elle croisa les bras involontairement comme pour se protéger. Il en fallait peu pour faire resurgir la petite fille qui avait connu bien trop tôt les coups et le goût du sang qui coule de ses tempes jusqu’à ses lèvres fines, sans ne pouvoir rien dire, rien faire. Mais qu’est-ce qu’elle faisait ici ?

« J’aurais peut-être mieux fait d’ignorer et de rester dans mon chez-moi mais l’endroit n’a aucune importance quand un homme cherche une femme. »

près le passage de mon frère, je me retrouvais de nouveau seul avec Rika, qui, si j'en croyais l'échange auquel je venais d'assister, ne devait pas particulièrement porter Niklaus dans son cœur. Et c'était peut-être mieux ainsi. Elle m'avait demandé si je connaissais les vieux vampires de la ville. A Mystic Falls il était vrai qu'il y avait une grande population de vampire mais que je pourrais qualifier de « vieux »... Ça restreignait de beaucoup les possibilités.

J'y réfléchissais et lui parlais alors des Salvatore, bien qu'ils ne soient pas si vieux que ça, j'évoquais aussi Tatia, qui semblait avoir disparue. J'avais aussi pensé à Aaron mais vu l'état dans lequel il se trouvait à cause de Kyra, je préférais le mettre de côté. C'est en pensant à lui que je me fis la réflexion qu'il y avait quelques chasseurs de vampires en ville, qui risquaient de causer quelques difficultés à la belle blonde. Je n'attendis pas plus longtemps pour la prévenir, en profitant au passage pour lui demander si elle avait un endroit où logé. Je cherchais très clairement à lui rendre la pareille lorsqu'elle m'avait accueillie chez elle durant l'hiver.

« Voilà beaucoup d’informations. Pour les chasseurs, je serai prudente mais, je n’en n’ai jamais rencontré personnellement et j’espère que cela continue ainsi. Cela fait des siècles que je vis au milieu des humains, je pense pouvoir passer inaperçue. Pour mon séjour, j’ai loué une petite demeure que mon serviteur passe au nettoyage complet tellement elle est abjecte. La surface totale ne fait pas celle de ma chambre chez moi. »

Et Dieu sait que sa chambre était assez grande. Mais une maison qui fait moins que sa chambre ? Cela me semblait particulièrement exigu. Quant aux chasseurs, je n'étais pas étonné de sa réaction, mais je devais la mettre en garde sur tous les détails les concernant. Elle fit un petite grimace après avoir parlé de l'endroit où elle allait vivre, je ne pu m'empêcher de rire doucement, c'en était presque mignon.

« Pour être honnête, c’est le hasard qui m’a conduit jusqu’à toi mais je t’assure que je suis vraiment heureuse de te revoir. J’espère que ton frère écoute, peut-être est-il au courant de quelque chose. Je ne sais pas si tu te souviens mais, un soir, l’alcool m’avait poussé à te raconter mon enfance. Je ne vais pas m’étendre mais, l’homme qui m’avait achetée et épousée aurait refait surface. Son invitation à le rejoindre ici était plus que claire. C’était un humain, ou plutôt une humaine, une petite fille comme celle que j’étais à l’époque qui était venue me dire qu’il m’attend … Avant de se suicider, ruinant mon tapis par la même occasion. »

J'avais oublié le sens des priorités de la blonde. J'aurais presque pu rire, mais la situation était parfaitement étrange et son histoire avait piqué ma curiosité. Il y avait donc bel et bien une autre raison à sa venue à Mystic Falls. Je me souvenais très bien de son histoire lorsque l'alcool avait eu un peu raison d'elle, elle avait eu un époux, comment dire... Un homme charmant. Ironie quand tu nous tiens.

« Je pense que c’est lui qui va me trouver. En fait, je n’ai même aucun doute là-dessus. Je ne comprends juste pas pourquoi après tant de siècle il pourrait requérir ma présence, ça n’a pas de sens. Je ne veux pas t’attirer d’ennuis ou te mêler à des affaires qui ne sont pas les tiennes, je voudrais juste savoir si le nom de Melker t’est familier. La dernière fois que j’ai entendu parlé de lui c’était au dix-septième siècle et il était toujours très attaché à son Europe de l’Est. Je ne comprends pas ce qui aurait pu l’amener ici et encore moins pourquoi il voudrait que je le rejoigne. Je n’ai pas peur de lui, je sens juste venir les ennuis. Mais c’est peut-être ma méfiance naturelle qui me joue des tours. »

Melker. Je ne croyais pas un seul instant que c'était la méfiance naturelle de Rika qui lui faisait sentir les ennuies puisque moi-même, son récit ne m'inspirait pas de bons sentiments. Voilà qui était vraiment intriguant, malheureusement pour mon amie je n'avais jamais entendu parler d'un Melker, encore moins à Mystic Falls. C'était avant tout le repère des jeunes vampires, des sorcières en apprentissage et des chasseurs qui tracent des vampires.

« J’aurais peut-être mieux fait d’ignorer et de rester dans mon chez-moi mais l’endroit n’a aucune importance quand un homme cherche une femme. »

Je chassais cette idée d'un revers main, je ne voulais pas qu'elle retourne chez elle. Je pris une grande inspiration, parce que j'avais pas mal de choses à lui dire.

« Premièrement, tu devrais te méfier des chasseurs, les humains n'ont pas les sens aiguisés et ne sont pas capables de repérer les vampires. Les chasseurs arrivent à sentir notre aura, ils nous pistent, ils nous poussent à commettre des erreurs, et ils nous tuent si on ne le fait pas avant. Il suffirait de les tuer, mais il y a une petite malédiction qui s'enclenche à partir du moment où tu tues un chasseur. Il reviendra te hanter chaque jour, chaque nuit, durant cinquante ans. Et ce n'est pas que des histoires de fantôme... Ils peuvent agir. »

Voilà qui était fait, passons à la suite.

« Deuxième, je suis désolé de te décevoir mais je n'ai jamais entendu parler du nom de Melker. Et surtout pas ici, à Mystic Falls, et ça fait quelques temps déjà que je suis revenu en ville... Cela dit, je vais essayer de me renseigner sur lui. Ça ne me plaît pas spécialement qu'il te cherche. Tu ne sais pas ce qu'il te veut vraiment j'imagine ? »

Toute cette histoire me confortait dans l'idée que je devais honorer ma dette envers elle et lui offrir l'hospitalité le temps qu'elle le souhaiterait. De toute façon une personne de plus ou de moins ici, qu'est-ce que ça pouvait changer ? Klaus n'était pas souvent présent, Rebekah allait peut-être grogner mais je m'en fichais pas mal. C'était chez moi aussi.

« Écoute, j'aimerais payer ma dette. Je n'ai pas envie que tu vives seule dans une petite maison minuscule et particulièrement dégoûtante, malgré les services de ton serviteur. Je te propose de venir habiter ici, aussi longtemps que tu le souhaites. Pour ce qui est de mes frères et de ma sœur, tu n'as pas à t'en soucier, je m'occuperai de tout cela avec eux. Mais je pense qu'il serait plus judicieux que tu ne restes pas seule. »

Et puis elle méritait mieux qu'un placard comme lieu de vie.  

Rika avait un peu honte d’elle de devoir exposer ainsi ses soucis mais, elle n’avait pas vraiment d’autre choix. Nouvelle ville, nouvelle mentalité, nouvelle culture. Kol était la seule personne qu’elle connaissait en dehors de son fidèle serviteur au regard vide. Son aîné avait été attentif et avait eu la politesse de ne pas l’interrompre dans ses dires même lorsqu’elle se trompait de mot ou bafouillait sur un accord grammatical. La situation lui faisait vraiment perdre de sa superbe.

« Premièrement, tu devrais te méfier des chasseurs, les humains n'ont pas les sens aiguisés et ne sont pas capables de repérer les vampires. Les chasseurs arrivent à sentir notre aura, ils nous pistent, ils nous poussent à commettre des erreurs, et ils nous tuent si on ne le fait pas avant. Il suffirait de les tuer, mais il y a une petite malédiction qui s'enclenche à partir du moment où tu tues un chasseur. Il reviendra te hanter chaque jour, chaque nuit, durant cinquante ans. Et ce n'est pas que des histoires de fantôme... Ils peuvent agir. »

Comme si elle n’était pas assez dans les ennuis comme ça. Néanmoins, une idée lui vint instantanément. Si la malédiction était jetée sur le responsable de la mort d’un chasseur il suffisait de ne pas être à l’origine du coup fatal ou peut-être était-ce plus compliqué.

« Deuxième, je suis désolé de te décevoir mais je n'ai jamais entendu parler du nom de Melker. Et surtout pas ici, à Mystic Falls, et ça fait quelques temps déjà que je suis revenu en ville... Cela dit, je vais essayer de me renseigner sur lui. Ça ne me plaît pas spécialement qu'il te cherche. Tu ne sais pas ce qu'il te veut vraiment j'imagine ? »

Qu’il ne sache pas ne l’étonnait pas et elle espérait qu’il puisse en apprendre plus dans les jours à venir. Pour répondre à sa question elle secoua la tête négativement. Si elle en savait plus, Rika ne serait pas là à quémander indirectement son aide.

« Écoute, j'aimerais payer ma dette. Je n'ai pas envie que tu vives seule dans une petite maison minuscule et particulièrement dégoûtante, malgré les services de ton serviteur. Je te propose de venir habiter ici, aussi longtemps que tu le souhaites. Pour ce qui est de mes frères et de ma sœur, tu n'as pas à t'en soucier, je m'occuperai de tout cela avec eux. Mais je pense qu'il serait plus judicieux que tu ne restes pas seule. »

Habiter chez un original devait avoir autant d’avantages que d’inconvénients. Même si elle connaissait Kol et lui faisait plus ou moins confiance, elle ne remettrait pas sa vie entre ses mains. Sans compter qu’elle se voyait mal vivre en collocation avec des gens dont elle ne savait rien dans une maison qui n’était pas la sienne et où elle n’avait aucun repère. Sans compter qu’elle n’était pas du genre à profiter de la générosité des gens et que l’idée de partager une maison avec plus d’hommes que de femmes la mettait relativement mal à l’aise. Du côté des avantages, la demeure était immense et si jamais les Mikaelson étaient vraiment de son côté elle serait une véritable forteresse. Après elle n’était peut-être pas tant en danger que ça. En conclusion, elle ne savait pas trop quoi penser de cette offre.

Elle reprit un peu contenance en le fixant, redressant la tête, le dos droit. Rika ne pouvait pas se permettre de lui exposer tous les points négatifs qui lui venaient à l’esprit par simple politesse. A peine était-elle arrivée dans cette drôle de ville que déjà des dilemmes s’offraient à elle. Tout se jouait en fonction du niveau de confiance qu’elle pouvait placer dans son interlocuteur. Elle avait passé un peu plus d’un hiver en sa compagnie et pouvait plus ou moins estimer de quoi il était capable. C’était un originel, il avait déjà tout ce qu’il voulait, ou du moins elle le supposait. Qu’avait-il à gagner à la piéger ? Au moins elle serait à l’abri des chasseurs. Peut-être pouvait-elle lui accorder le bénéfice du doute. Pour l’instant. Néanmoins elle émit quelques réserves à sa proposition :

« Je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée. Je ne veux pas m’inviter chez vous pour une raison futile. Ton frère n’apprécierait sans doute pas. Ce que je comprends parfaitement. Même si j’adorerais quelques heures avec toi comme il y a longtemps je ne veux vraiment pas te causer des problèmes déjà que tu as la gentillesse de bien vouloir te renseigner pour moi. »

Avec un peu de chance celui-ci écoutait leur conversation et n’allait pas tarder à intervenir.

laus était partit s'installer dans le slon, j'avais bien conscience qu'il écoutait aux portes, mais je m'en fichais un peu, c'était monnaie courante dans le monde des vampires. Avoir une discussion privée relevait souvent d'une ruse parfaite, et à l'heure actuelle, je n'étais pas d'humeur à feinter pour pouvoir discuter avec Rika tranquillement. D'autant plus que ce n'était pas une discussion réellement personnelle... Du moins jusqu'à ce qu'elle évoque sa vie privée, avec un homme, Melker. Cet homme la recherchait et l'avait fait venir à Mystic Falls. Cela expliquait grandement pourquoi la belle blonde avait quitté ses contrées lointaines Norvégiennes. J'écoutais avec attention son récit, elle souhaitait en savoir plus, et savoir si de mon côté j'avais connaissance de ce vampire. Pas à ma connaissance, mais elle avait réussi attiser ma curiosité, je savais que je ne tarderais pas à aller fouiller pour me renseigner.

Je lui faisais part de ma présente ignorance, mais lui assurait avec véracité que j'allais en chercher plus à ce sujet. Je n'étais pas très rassuré de savoir non plus qu'un vieux vampire la cherchait. Rika était une personne que j'appréciais et je n'avais pas spécialement envie de la savoir en danger. C'est pour cela que l'idée de payer ma dette s'était imposée dans mon esprit comme une évidence. Je ne perdais pas de temps pour lui faire part de ma proposition. Je souhaitais qu'elle vienne s'installer chez nous, elle serait plus en sécurité à mon humble avis, et au moins nous pouvions chercher ensemble. Qui plus est, la description qu'elle m'avait fait de la demeure dans laquelle elle allait vivre le temps de son séjour à Mystic Falls ne m'inspirait pas de bonnes choses. La vampire semblait hésiter, peut-être pesait-elle le pour et le contre de ce qu'impliquait vivre avec des originels.

« Je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée. Je ne veux pas m’inviter chez vous pour une raison futile. Ton frère n’apprécierait sans doute pas. Ce que je comprends parfaitement. Même si j’adorerais quelques heures avec toi comme il y a longtemps je ne veux vraiment pas te causer des problèmes déjà que tu as la gentillesse de bien vouloir te renseigner pour moi. »

Un sourire s'afficha sur mon visage malgré moi, je comprenais parfaitement son point de vue, elle était en droit de décliner l'invitation, je ne lui en tenais absolument pas rigueur. Néanmoins il était vrai que Klaus devait être plutôt satisfait de sa réponse.

« Mon frère n'apprécie pas grand chose tu sais ? »

Elle ne le savait pas, mais elle s'en doutait. Elle avait eu une esquisse de la plus belle partie du personnage, si elle découvrait la personnalité dévastatrice de Nik', elle n'émettrait même aucun doute quant au fait qu'il n'adhère pas à sa venue parmi nous.

« Enfin quoiqu'il en soit ça ne nous empêche pas de passer le temps ensemble. Tu ne me causerais pas non plus de problème. »

Je tournais la tête vers la fenêtre de la maison, je percevais Klaus, avec son sourire sadique qui se voulait bienveillant. J'aurais eu peut-être plus de problèmes que je ne le pensais. Je ne craignais pas mon frère, mais j'appréciais moyennement de me faire daguer.

« Dès que j'en saurais plus sur Melker je te tiendrais au courant Rika. »