Undefeated | Feat Thomas A Jacobs

« Bon, c'est pas tout, mais il faut que j'y aille. A plus tard. »

Sur ces mots, je quitte ma place habituelle au comptoir du Mystic Grill, mon verre de whisky avalé. Alors que je sors dans la rue, mettant ma veste sur mes épaules, je tombe sur une scène qui m'est habituelle, mais qui pourtant suscite mon attention. Deux hommes sont aux prises, et tout deux semblent fort alcoolisés. L'un d'eux parvient à prendre le dessus, un grand brun. Il envoie le petit moustachu au sol, et dans un mouvement incertain et vacillant, il semble chercher à tâton, et il parvient à trouver une bouteille vide, qu'il parvient à éclater sur le rebord d'une table de la terrasse. Il vacille toujours, il tangue même, mais avance vers l'homme à terre. Bon, je veux bien être gentil, mais je ne peux pas laisser faire ça décemment. Au moment où le brun tends son bras en l'air, tenant le tesson de bouteille, je lève mon bras également et l'attrape au poignet. Il tente de me résister un instant, mais il est bien trop faible dans son état pour se dégager de ma poigne. Il lâche finalement le morceau de bouteille qui chute et se fracasse en morceaux au sol. Je lui lâche finalement le poignet, au moment où il essaie de se dégager. Son regard dégage … Une aura étrange. Et malgré la forte odeur d'alcool qui se dégage de lui, je peux renifler … Autre chose. Étrange. L'homme me lance un regard froid et commence à s'éloigner, puis se met à courir. J'aide l'autre ivrogne à se remettre sur ses pieds, il me remercie. Une tape sur son épaule, et je m'éloigne. L'autre type est vraiment étrange …  Je ne sais pas pourquoi, mais mon instinct me dicte de le suivre. Soit, allons-y. De toute façon, il ne pourra pas me devancer. Il n'est plus dans mon champ de vision, pour autant je peux le pister par son odeur d'alcool. L'avantage d'être un loup-garou. Je commence à suivre la piste, sans trop me presser. Alors que je quitte la zone habitée, la piste me mène … Dans la forêt ? Étrange. Je m'avance donc dans ces sombres bois, éclairés en quelques petites zones par la lueur blanche de la Lune. J'avance, suivant encore et toujours la piste de l'homme. Je repère ce qui ressemble à des crachats sur un tronc, reflétant quelque peu la lumière. Aucun doute, je le suis bel et bien. Je me presse un peu plus, commençant à courir entre les arbres, passant d'ombre en ombre. Il ne faudrait pas que j'éveille ses soupçons ! Ça y est, je peux l'apercevoir, trébuchant mais tenant tout de même sa course. Je reste tapis dans l'ombre des arbres, et je repère enfin ce qui me semble logiquement être sa destination : un petit espace sans arbre, laissant donc passer les rayons lunaires, qui dévoilent à ma vue une plaque … Une grande plaque d'acier, attaquée par le temps. Serait-ce une porte ? L'homme tombe à genoux devant, et il l'ouvre, se faufilant à l'intérieur. Un sous-sol visiblement … J'attends un instant, lui laissant le temps de s'enfoncer dans l'endroit, avant de moi-même m'y aventurer. J'arrive devant, les deux battants de la porte sont grands ouverts.

« Il y a quelque chose qui sort de l'ordinaire ici … C'est certain. »

Je prends une grande respiration, je craque mes poings et fait faire un tour à ma nuque. Sait-on jamais, un homme ivre peut être agressif, et je ne sais honnêtement pas à quoi je dois m'attendre ici. Je préfère être prudent. Je fait un premier pas dans les escaliers qui descendent sous terre, et j'entame alors mon chemin, prudent. J'ai la chance d'y voir plutôt clair. Je descends lentement. J'ai volontairement laissé les portes ouvertes afin d’atténuer la résonance de mes pas. Ces escaliers sont étroits, mais je dois progresser. Je peux enfin apercevoir une partie de la pièce se dessiner devant moi … Des chaînes au mur ? Qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ? Attends … Mes doutes seraient-ils fondés ? J'entends quelqu'un trébucher. J'espère que c'est bien l'homme que je suivais, et personne d'autre. Je m'arrête un instant dans les escaliers.

Il y a quelqu'un ?

Je peux entendre son excès d'alcool dans sa voix, il n'y est visiblement pas allé de main morte avec les grosses doses. Je peux aisément discerner une certaine panique dans ses mots.

Foutez moi la paix !

J'entends ses pieds traîner au sol. Il doit être en train d'essayer de se stabiliser. Finalement je décide de descendre dans la pièce. Il est déjà bien attaqué par la boisson, autant ne pas lui faire faire une attaque nerveuse par dessus le marché. Mains dans les poches, j'entre dans la pièce. J'avais raison. C'est un sous-sol aux murs épais, des chaînes sont solidement fixées un peu partout. Un sous-sol de contention sans aucun doute. Alors que j'arrive dans la pièce, je vois l'homme, adossé contre le mur, cherchant tant bien que mal son équilibre. Il a même fermer les yeux pour s'aider. J'entends une forte respiration lui échapper, et au moment où il redresse la tête et ouvre lentement les yeux, tous mes doutes se confirment. J'affiche alors un léger sourire en coin. Pour le moment, je ne prononce aucun mot. Je le vois m'observer, m'analyser. Probablement craindre une attaque de ma part. Je commence à faire quelques pas dans cette pièce.

« Des chaînes solidement fixées sur chaque mur, d'épaisses fixations en acier trempé, des verrous puissants, un sous-sol à la structure épaisse dans un environnement isolé … Ça m'a tout l'air d'un bastion ici … D'un bastion de contention … N'est-ce pas, ''frère'' ?  »

Ce n'est bien évidemment qu'une formulation. Je m'arrête alors que je fais de nouveau face à cet homme, qui partage avec moi bien plus que l'amour de l'alcool. J'ai percé ta vraie nature à jour, mon ami. J'affiche toujours ce petit sourire en coin qui m'est propre, alors que j'observe l'homme qui se tient, comme il peut, en face de moi

L'alcool ne lui a clairement pas fait du bien, son regard me semble perpétuellement à la recherche d'un point stable. Mais petit à petit, il semble revenir à lui. Alors que je m'arrête finalement de marcher pour lui faire face, je peux le voir se redresser, au plus haut qu'il le puisse, et je peux apercevoir dans ces yeux un éclair, une lueur. Il a enfin compris.

Tu as connu ça aussi ? Les transformations ...

Je peux alors entendre un soupire s'échapper d'entre ses lèvres. Oui, les transformations, j'en ai connu … Parfois des calmes, parfois des vraiment douloureuses, souvent des meurtrières. Je n'avais aucun endroit où me contenir. Aucun endroit où cacher ma nature. Aucun endroit où enfermer le monstre que je suis et que je ne peux qu'observer à chaque fois. J'avais généralement pour réflexe d'aller m'enfoncer au plus profond de la forêt avant que les transformations ne surgissent, je partait dans les bois les plus perdus pour m'éloigner de toute civilisation et pour ne faire comme victime que la vie sauvage qui passerait près de moi. Bien évidemment, le manque de contrôle ne me permettait pas de toujours épargner les innocents … Bon, en fait, presque jamais d'ailleurs. Je me retrouvais toujours avec un bon paquet de cadavres sur les bras … Enfin, la bête en moi se retrouvais avec ça. Jamais personne n'a su que c'était moi. Je ne sais d'ailleurs toujours pas comment c'est possible. Mais c'est pour ça, en partie, que je suis venu à Mystic Falls. Pour ne plus subir cette pression constante, pour tenter de trouver un havre de paix. Les quelques transformations que j'ai connu depuis mon arrivée n'ont pas été les pires, j'ai pu m'isoler et empêcher l'animal en moi de tuer. Mais visiblement … Je ne suis pas le seul à l'avoir vécu. L'homme en face de moi semble avoir compris que je ne lui veut aucun mal. Enfin. Quand je pense que ça a commencé parce que je l'ai empêché de tuer un petit vieux au bar … Comme quoi, tout est possible. Mais il y a toujours quelque chose qui m'intrigue. Avant que je n'ai le temps de me poser plus de question, il pose sa main sur mon épaule.

Merci, tu m'as sauvé du pire. Je ne sais pas ce que je peux faire pour te remercier.

Du pire ? Qu'est ce qu'il veut dire par là ? Le pire, pour un loup-garou, c'est généralement la première transformation … Ce qui expliquerait sa peur d'avoir tué quelqu'un sans mon intervention … Mais s'il n'est pas déclenché, comment peut-il savoir ce que sont nos transformations ? Comment peut-il connaître ce que ça fait ? Que son parent lui ai expliqué, je pourrais le comprendre, mais ça ne serait pas … Assez. Il ne pourrait pas réellement le comprendre. Je suis décidément intrigué.

Qui es-tu ?

Bien évidemment, la question à laquelle je m'attendais le plus avec le « Pourquoi m'as-tu suivi ? ».

« Juste un homme qui ne voulais pas que sa soirée au bar finisse sur une effusion de sang. Mais tu peux m'appeler Thomas. Thomas Andrew Jacobs. »

Honnêtement je me fous de savoir si j'ai bien fait ou non. Peu importe ce que je fais, je me fiche de savoir si mes choix sont les bons ou non. Ils me conviennent, c'est tout ce qui importe. J'assume les conséquences de mes choix. Mais je ne pense pas qu'il puisse quoi que ce soit contre moi, ni qu'il ai la volonté de me nuire. L'aide que je lui ai involontairement apporté l'a sauvé, il n'y a aucune raison qu'il tente quoi que ce soit à mon encontre.

« Puis-je connaître le nom du jeune loup auquel je  fais actuellement face ?  »

Après tout. S'il connaît mon nom, autant que je connaisse le sien.

Je peux voir l'homme en face de moi qui commence à perdre le fil de notre conversation. Je vois dans ses yeux vitreux qu'il cherche à rester dans un état de conscience correct. Alors qu'il semble se repasser ma question en tête pendant quelques longues secondes, il se met finalement à afficher un sourire.

Tyler. Tyler Lockwood.

Lockwood ? Hum … Ce nom me dis quelque chose. C'est un nom que j'ai déjà entendu quelques fois depuis mon arrivée à Mystic Falls, il y a quelques mois. Mais impossible de me rappeler dans quelles circonstances j'ai pu entendre ce nom. Où est ce que j'ai déjà entendu ce nom ? Dans quelles circonstances ? Je n'arrive pas à me rappeler … Peut-être qu'un Lockwood était un client. Je ne sais plus, mais ce nom me dis quelques chose. Je sais que je l'ai déjà entendu. Mais alors que je ressort de mes pensées, je peux voir Tyler chanceler et s'approcher lentement de moi. Je l'observe sans bouger et sans mot dire. Je peux sentir sa main se poser sur mon épaule, faiblement mais amicalement, alors qu'un soupire semble échapper à ses lèvres, et son hésitation semble se marquer dans ses mots.

Thomas... Si je suis venu me réfugier ici c'est parce que j'y ai vécu bon nombre de transformations. Mais je ne les subit plus. Je t'ai dis que je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu viens de faire, tu veux savoir pourquoi ? Je ne suis plus déclenché Thomas. Je vis de nouveau avec cette malédiction au dessus de la tête... et ça me tue.

Quoi ? Plus déclenché ? Mais … Comment ? Comment est-ce possible ? Un loup-garou peut-il faire cesser sa malédiction ? Est ce qu'il aurait fait appel à des puissances magiques que même mes anciens n'auraient osé invoqué ? J'en doute … J'en doute sincèrement. Il ne semble pas apte à trouver une telle source de magie, et rien ne garantit d'ailleurs que cela permettrait de ''désactiver'' un loup. J'avoue avoir du mal à comprendre comment ça peut être possible … Jamais dans ma vie je n'ai entendu parler de loups déclenchés dont la malédiction se serait arrêté … Mais alors que je m'apprête à l'interroger, l'haleine chargée d'alcool de Tyler me monte une nouvelle fois au nez, signe qu'il s'apprête à parler de nouveau.

Je suis un fantôme qui a été ramené à la vie …

Sur le coup, je sens mes yeux s'ouvrir en grand. Plus grand chose ne me surprends depuis que je suis devenu un Enfant de la Lune mais alors là … Je ne suis pas quelqu'un de dupe. Je ne crois pas n'importe quoi venant de n'importe qui. Mais les mots de Tyler résonnent dans ma tête pendant un instant, et mon esprit me laisse entendre que cette solution serait la seule plausible, la seule qui expliquerait pourquoi il n'est plus déclenché … Être ramené à la vie, c'est effectivement le départ d'une nouvelle vie, et au départ de notre vie … Notre gêne de loup-garou n'est pas déclenché. Alors Tyler serait … Mort, puis ramené à la vie ? Un grand nombre de questions commencent à envahir mes pensées. Comment est-il mort ? Qui l'a ressuscité ? Ce ne sont que de simples exemples, des pourquoi, des comment, des interrogations dans tous les sens … J'entends alors un nouveau soupire de Tyler qui me sors une nouvelle fois de mes pensées.

Je suis désolé, j'ignore pourquoi je raconte tout ça a un inconnu...

« Tout simplement parce que tu as trop bu, et que l'alcool nous force parfois à dire bien plus que ce que nous voudrions vraiment laisser passer. »

Je me passe une main dans les cheveux, réfléchissant encore à toutes les questions qui trottent dans ma tête depuis qu'il m'a … Laissé entendre comment sa nature s'est réinitialisée. C'est une histoire qui semble incroyable, mais pourtant … Je le crois.

« Je ne veux surtout pas te brusquer, Tyler, ni te forcer à me parler, mais … Comment est-ce arrivé ? Comment ta vie est-elle revenue à zéro ? Je dois t'avouer que peu de choses m'intriguent, mais un revenant … Tu es le premier que je rencontre. Mais si tu ne veux pas m'expliquer, je comprendrais, ne t'en fais pas. »

Un revenant … Jamais je n'aurais pensé rencontrer un revenant. Et encore moins ce genre de revenant. Je suis un peu désorienté, mais je reste lucide. C'est un mystère que je suis en mesure de comprendre, et c'est bien ce que je compte faire. Décidément, depuis que je suis arrivé, mon activité de dessinateur est bien la chose à laquelle je pense le moins.

Pendant de longues minutes, j'écoute Tyler me raconter tout ce qu'il a sur le cœur. Une chose est certaine, la vie qu'il a mené est plutôt riche en rebondissements, et pas de bons. Plusieurs fois durant son discours, je tique, certains noms me semblent familier, certaines situations me parviennent plus facilement que d'autre. Une histoire certes longue et complexe, mais aucun détail n'échappe à mon attention alors que le flot de paroles de Tyler ne cesse de s'écouler. Il s'arrête pendant un instant, et me lance un regard à la limite du désespoir, cherchant de l'aide.

Je ne sais plus ou j'en suis Thomas. J'ai peur d'avoir a revivre toutes ces transformations. Je ne veux plus jamais avoir a revivre ça. Plus jamais... J'ignore comment j'ai réussis a surmonter toutes ces épreuves. Ce que je sais c'est qu'un feu brule a nouveau en moi... et je ne dois pas le laisser me consumer une deuxième fois.

Un nouveau soupire s'échappe d'entre ses lèvres, alors que les images qu'il m'a décrit précédemment me viennent en tête, forment un film précis et détaillé, un film rapide qui me permet de visualiser chaque chose qu'il m'a décrit. J'affiche un léger sourire et je pose ma main sur son épaule en un geste réconfortant et amical.

« Je comprends le mal qui te hante. Enfin, je pense le comprendre. La peine qui a pu te hanter et qui te hante peut-être encore, je la comprends largement. Perdre ainsi la confiance de quelqu'un que tu aimes, je ne connais ça que trop bien, et parfois … On en viens à des extrêmes que nous n'aurions jamais imaginé. »

A ces mots, j'attrape la croix celte qui prends à mon coup et je la sers de toutes mes forces dans ma main. Par ces mots, je n'ai fait que raviver les douloureux souvenirs de ma mère. Malgré le nombre de litres de whisky que j'ai pu avaler pour tenter d'amoindrir ce souvenir et malgré les années qui se sont écoulées, c'est une cicatrice brûlante, une plaie béante qui ne se refermera sans doute jamais. Après tout, je suis la cause de ma propre blessure. C'est un regret gigantesque qui m'envahit à chaque fois. Je lutte sans cesse contre ces images, contre ces souvenirs, mais tenter d'oublier ce moment reviendrait à fuir ma propre histoire … Une faiblesse que je ne peux me permettre.

« En tout cas Tyler, dans ta damnation, tu possèdes une certaine chance, pour laquelle de nombreuses personnes seraient prêtes à se faire la guerre. Tu as la chance de pouvoir … Recommencer. Tu as la chance de pouvoir revenir à zéro par rapport à ta malédiction. Ton avenir de loup ne dépends plus que de ta capacité à ne pas tuer. Et garder conscience t'aidera bien plus que tu ne peux l'imaginer. Mais tu as une seconde chance, et si encore aujourd'hui tu parviens à la faire perdurer … C'est que tu y es destiné, il n'y a pas de questions à se poser. Tu te demandes comment tu fais pour supporter tout ça, mais c'est simple : Tu en as juste la force. Malgré tes doutes, cette force est en toi, et elle t'empêche de réellement sombrer dans la folie, elle t'empêche d'avoir envie de t'achever. Tu es de retour en vie, et tu as la force de le rester. »

J'ai l'impression d'entendre mon grand-oncle à travers mes propres mots … Serait-il possible que son esprit m'accompagne ? Je constate parfois des ressemblances avec son comportement, depuis que je porte ce pendentif qu'il m'a offert quelques jours avant son décès … Son âme m'accompagnerait-elle ? Ça paraît surréaliste, mais je me dis que dans ce monde, tout à une raison d'être envisagé. Je m'égare. Je remue la tête un instant, et un nom prononcé auparavant me reviens en tête …

« Klaus … Klaus … Alors tu lui avais cédé. Je ne peux pas t'en vouloir. Mais sache que face à toi se trouve … Un résistant. J'ai refusé l'offre de Klaus. Il a voulu me transformer en hybride, moi aussi, mais j'ai décliné. Je suis un loup-garou, je refuse de devenir l'un de ces suceurs de sang. Même si ça implique un contrôle total de ma forme bestiale … Je refuse d'être son pantin. Mais tu dois le savoir, ''on ne dis pas non à Klaus Mikaelson'' … Disons que je n'entretient pas les meilleurs liens du monde avec lui. Mais qu'importe. »

Je passe une main sur mon visage. Les pensées se bousculent dans mon esprit, je dois me reconcentrer.

« Quoi qu'il en soit Tyler, tu ne dois pas douter. Tu ne dois pas te demander pourquoi tu es encore debout en ce jour. Si c'est le cas, c'est que le Tout Puissant veut que tu te tiennes droit sur tes deux pieds, si tu as eu cette seconde chance c'est que ton destin n'était pas décidé à cesser si tôt. Tu n'es pas en vie par hasard. C'est ce que tu dois retenir, envers et contre tout. Soit fort de ton retour, soit fier d'être sur tes deux pieds, beaucoup n'ont pas eu cette chance. »

Je retire finalement ma main de l'épaule de Tyler, gardant tout de même un regard amical à son égard. Il est totalement perdu, mais je ne peux me résoudre à le laisser croire que son existence n'a aucun sens et n'est que le fruit du hasard, qu'il n'a aucune raison d'être là. Toute personne vit car son destin est de l'être. C'est ce en quoi je crois.

Visiblement, mon interlocuteur se sent déjà mieux … Il me paraît soulagé d'avoir enfin pu parler. Je doute qu'il se soit exprimé ainsi avec qui que ce soit, excepté la personne qui l'a ramené à la vie. Et éventuellement sa famille. Mais même ça, je me permet d'émettre des doutes. Mais ce n'est pas le seul effet positif sur son comportement. Il semble aussi soulagé de trouver de la compréhension dans mes paroles. Je pense qu'au delà de l'alcool, il gardait tout de même une certaine crainte que je ne le prenne pour un fou. Mais considérer quelqu'un de fou parce que sa vie a été particulière, c'est être soi-même fou. Et je suis parfaitement sain d'esprit. Et enfin, il semble avoir été soulagé des derniers effets de l'alcool dans son sang. L'odeur s'en estompe, sa posture est plus sûre et son regard moins vitreux. Il semble s'en être bien remis.  Mais alors que je parle de mon … Altercation, avec le sieur Mikaelson, je peux voir Tyler pencher la tête et ouvrir la bouche de stupéfaction.

Quoi ?! Tu connais Klaus ? Ce monstre a osé ?

Les flammes de la Lune que portent ses yeux s'embrasèrent alors qu'il découvrait ce point commun qui nous unis, et s'intensifièrent alors que je hochais la tête suite à ses questions. Klaus m'avait bel et bien approché. Découvrant un nouveau loup-garou en ville, l'envie de pouvoir l'a laissé parlé et il a tenté de me convaincre de me joindre à son armée d'hybrides, me promettant un pouvoir éternel et une maîtrise totale de la bête en moi. Tout ce que j'avais à faire, c'était laisser mon sang et le sien se mêler, et ainsi le laisser engendrer mon immortalité. Ce qui aurait signifié que quoi qu'il me demande, même contre mon gré, je n'aurais eu le pouvoir d'aller contre. C'est une idée que je me refuse. Je suis un Indépendant. Un Solitaire. Un Loup Libre. Personne ne me dicte ce que je dois faire. Personne ne me contrôle. Le sang d'une lignée d'Alpha coule dans mes veines. Alors ce n'est pas une erreur de la nature qui va me faire courber l'échine. Jamais. Dans mon regard, je savais que Tyler pouvait lire chacune de ses pensées.

Je n'y crois pas, tu as bien fais d'avoir refusé. Peu importe les risques. Klaus veut des hybrides seulement parce qu'il a peur d'être seul et vulnérable. Si Klaus est ton ennemi alors nous sommes deux. Il veut ma mort. Tout comme moi la sienne.

« Je dois t'avouer que je me fiche pas mal des risques que cela engendre, quelle direction cela donne à mon avenir et quels ennemis cela me procure. Klaus est une erreur de la nature. Et il a voulu faire de moi l'un de ses fils immortels. Mais le seul sang qui coulera dans mes veines est celui des loups, et aucun autre ne le souillera. Je ne doute aucunement qu'il veuille également ma mort, mais je me fiche pas mal de ce qu'il adviendra de lui. »

Tu m'a redonné de l'espoir Thomas. Nous ne sommes pas si différent toi et moi. J'ai été ravi de te rencontrer.

Il se saisit alors de ma main dans un geste amical. Émettant un léger sourire, je l'empoignait de bon cœur, acceptant le geste de cet homme qui finalement me ressemble plus que je n'aurais pu me l'avouer.

Si Klaus ose s'en prendre a l'un de nous deux, nous nous dresserons contre lui.

J'ai comme l'impression qu'il serait prêt à tout pour se dresser sur la route de Klaus. Il le considère vraiment comme son ennemi mortel. Et en l'espace d'une courte nuit, j'aurais fait revenir un loup de la dépression et lui aurait reforgé une âme de guerrier. J'ai parfois l'impression que je n'aurais pas dû être un simple dessinateur, mais bien un psychologue. J'approuve alors ses mots d'un sourire en coin.

« S'il doit y avoir de l'action et que ça peut nous permettre d'abattre ces hérésies que sont les hybrides de Klaus … Ne compte pas sur moi pour rester loin de l'action. »

Constatant avec une satisfaction non dissimulée que mon interlocuteur avait bel et bien repris du poil de la bête, si je puis m'exprimer ainsi, je me permet de croire que ma mission ici est terminée. Il va mieux, son moral est revenu au beau fixe, pour le moment. Il lui faudra encore travailler dur contre les terribles souvenirs qui le hantent, j'en sais moi-même quelque chose. Mais il porte en lui un moral d'acier et une volonté puissante. Je sais avec certitude que maintenant que je l'ai aidé à sortir de ce cercle de peur et de peine dans lequel l'avait plongé Klaus, Tyler va maintenant être capable de se lever et de forger ses propres armes pour mener sa guerre.

« Je crois que je n'ai plus rien à faire ici, Tyler. Heureux d'avoir pu t'aider à te remettre. »

Une fois notre poignée de main relâchée, je me retourne alors que je m'apprête à gravir les escaliers qui me feront sortir de ce sous-sol. Je sens dans le regard de Tyler une question, je sens qu'il se demande comment nous pourrions nous revoir en cas de besoin, ou simplement d'envie. Je lui réponds alors très simplement par un sourire en coin.

« Si tu as besoin de moi … Laisse la Lune te guider. »

Et après ces mots, je reprends l'ascension des escaliers de pierre qui mènent jusqu'aux portes de fer que je pousse. Leurs gonds grincent alors que je les repousse afin de sortir de là. Volontairement, je décide de les laisser ouverte, pour que la lueur de la Lune pénètre un peu plus dans le sous-sol et imprègne l'atmosphère de Tyler. En tant que Loup, ça ne pourrait que lui faire du bien. Calmement, j'entreprends alors une marche nocturne afin de retourner à la ville. Il est temps pour moi de rentrer chez moi et, soit de me reposer, soit de prendre une grande dose de café.