wolves without teeth | ft. Emma

Je revivais. Malgré tout, les complots, les manigances, et toutes ces choses qui ont fait que les fois où j'ai pu profiter de la vie se comptaient sur les doigts de la main, je revivais. Certes, j'étais un vampire et j'avais dis adieu à ma vie humaine. Mais cette fatalité là était inchangeable, et le fait que je sois obligée de me nourrir de sang pour continuer à vivre en ce monde était largement compensé par le bonheur que je reconstruisais petit à petit, les moments passés avec mes amis, et l'amour que je partageais avec Damon. Je n'avais pas la prétention d'affirmer que nous étions le couple parfait. Après tout, nous avions déjà eu nos moments de doute, nos disputes et nos réconciliations. J'étais tout simplement certaine d'avoir trouvé le bon. Celui avec lequel je me voyais passer l'éternité. Si en étant à l'université, j'étais loin de lui, je savais que ce n'était que provisoire, qu'à n'importe quel moment je pouvais aller le voir, et qu'il pouvait faire de même. Nous étions des êtres immortels, et immensément rapides. Rien ne nous était impossible. Alors j'avais décidé de profiter du moment présent et, pour cela, quoi de mieux qu'une soirée étudiante ? J'avais envie de m'amuser, d'oublier les problèmes du quotidien dans la danse et dans l'alcool - bien que ce dernier ait beaucoup moins d'effet sur moi depuis que j'étais vampire -. J'étais jeune, et je n'avais jamais oublié ma passion pour les fêtes. L'ancienne Elena n'avait jamais perdu une occasion pour faire la fête. Avec la mort de mes proches, j'avais délaissé cette habitude et m'étais renfermée sur moi-même pour éviter d'inquiéter ceux que j'aimais. Mais ce temps-là faisait désormais parti du passé, et j'avais décidé de laisser derrière moi la peine et la souffrance. Je m'étais apprêtée pour l'occasion ; robe noire féminine, talons hauts et cheveux lissés, avec l'éternel médaillon qui aurait toujours sa place au creux de mon cou. Après un dernier coup d’œil dans le miroir qui me renvoyait l'image d'une jeune femme confiante et sûre d'elle, je m'en allais au lieu où se déroulerait la fameuse soirée.

Je pénétrais dans la salle et déjà la musique tambourinait à mes oreilles sa cadence rythmée et entraînante. Le sourire aux lèvres, je déambulais parmi les étudiants, adressant quelques paroles à des connaissances dont je ne me souvenais même plus le nom. Trempant mes lèvres dans le verre que l'on m'avait tendu, je sentais l'alcool me brûler la gorge et c'était une délicieuse sensation qui facilitait mon entrée dans ce monde de décadence et de laisser-aller libérateur. Alors que je me mouvais en accord avec la musique, mon regard glissa sur une chevelure brune que je connaissais bien. Emma. Une amie qui étudiait aussi la médecine, et avec laquelle c'était toujours un plaisir de discuter. Me frayant un passage à travers la foule emportée par l'ambiance électrique, je tentais de m'approcher d'elle.

« Emm.. » tentais-je de la héler, juste avant de m’apercevoir qu'elle était en âpre conversation avec un autre étudiant. Ne me demandez pas pourquoi, mais je pressentais que la situation allait dégénérer d'un instant à l'autre. J'avais déjà entendu parler de l'homme avec qui elle discutait - je devrais plutôt dire, se disputait -, et sa réputation était loin d'être bonne. C'est dans ces moments là que l'on se demande ce qu'il faut faire. Intervenir au risque de se voir devenir la cible de regards noirs, ou regarder la scène de loin et intervenir seulement lorsque ça dégénèrerait vraiment.