I missed that so much | Hope & Maxx

Ce soir-là n'était pas un soir comme les autres, nous étions le 31 juillet et la nuit pointait le bout de son nez, ramenant par conséquent la pleine lune avec elle. Pour ma part, je n'avais pas besoin de m'inquiéter puisque je possédais désormais la bague de lune créee par mon meilleur ami Kaleb qui voulait me rendre la vie plus simple. Mais tout avait simplement changé. Je ne subissais certes plus de transformation, mon corps ne se brisait plus lentement, mais mon frère lui, c'était toujours pareil.

Il m'avait rejoint à Mystic Falls depuis quelques jours à présent et je m'inquiétais beaucoup pour lui, pour cette nuit. Depuis tout petit nous étions vraiment très proches, et j'avais toujours pris soin de lui à chaque lendemain de pleine lune. Contrairement à moi, Maxx avait récupéré tous les désavantages d'être un loup, et même pire, puisqu'il supportait très mal les lendemains de transformation. Nous ne trouvions aucune explications à cela mais malheureusement la vie était ainsi faite pour lui, alors il devait faire avec.

Pendant presque un an je n'avais quasiment pas pu prendre soin de lui comme je l'avais toujours fait depuis qu'il avait déclenché sa malédiction, mais cette nuit, j'allais reprendre du service, et voir par la même occasion si ma bague était vraiment fiable. J'avais décidé de faire une nuit blanche, peu importe ce qu'en pensait ma colocataire. Je m'étais posée sur mon lit avec mon ordinateur et j'avais geeké une bonne partie de la nuit. Je n'avais ressentis aucune douleur pré-transformation, j'étais rassurée, Kaleb avait fait un excellent travail, je ne manquerai pas de le remercier une nouvelle fois lorsque je le reverrai.

Avec toute cette zénitude, j'avais fini par m'endormir contre mon gré avec l'ordinateur sur le ventre, Hearthstone toujours lancé... Je savais que j'allais rejoindre mon petit frère dans la forêt dès que le jour pointerait le bout de son nez, malheureusement Morphée m'avait emportée bien trop loin pour que je n'arrive à me réveiller de moi-même. Ce fut un claquement de porte et un long soupir agonisant qui me tira de ce sommeil dévastateur. Je sursautais au bruit de la porte et me relevais d'un coup, faisant tomber l'ordinateur portable sur le sol... Merde. Je soupirais de malheur à l'idée de devoir refaire des économies pour m'en payer un nouveau.

C'est alors que je remarquais qu'il faisait bel et bien jour dans ma chambre, enfin, notre chambre à Maxx et moi. Je n'avais pas réussi à me réveiller à temps et c'était sans doute mon frère qui venait d'entrée tel un éléphant dans un magasin de porcelaine... Je bondissais du lit, la tête fatiguée, pas réveillée pour un sou, et traversais tout le couloir à grandes enjambées, presque en courant, pour rejoindre l'entrée. J'y trouvais finalement Maxx, exténué, il ressemblait à un zombie ou à une bête sauvage à l'agonie. Heureusement le carnage n'avait pas réveillée celle qui partageait le loyer avec moi.

« Maxx je suis tellement désolée, je pensais tenir debout toute la nuit mais je me suis endormie d'un coup... »

Je m'en voulais énormément de l'avoir laissé seul... J'étais une mauvaise sœur, une très mauvaise sœur. Je passais son bras au dessus de mes épaules et nouais mon bras droit autour de sa taille pour l'aider à marcher jusqu'à la chambre. Une fois devant la porte je l'allongeais sur le lit et fonçais à la salle de bain pour lui préparer une serviette imbibée d'eau chaude. Je revenais précipitamment dans la pièce et m'asseyais à côté de lui, lui tamponnais légèrement le visage pour lui retirer toutes traces de saletés et de sueur. Il avait dû en baver encore...

« Pardonne moi Maxx... »

Je lui saisissais la main avec celle que j'avais de libre, en douceur pour ne pas lui faire plus mal qu'il n'avait déjà. Définitivement, les lendemains de pleine lune ne le mettaient pas au meilleur de sa forme. Je m'en voulais presque d'avoir une bague de lune et lui pas... J'allais en demander une à Kaleb, il ne dirait jamais non pour aider Maxx, surtout dans une situation pareille.  

31 juillet, nuit de pleine lune. J'avais rejoins la forêt, à peu près sûr que là bas je ne risquais pas de faire trop de dégâts et j'avais attendu, la tête posée contre un arbre, que la transformation se fasse. Je détestais ça, et je détestais encore plus ce qui venait ensuite, je me demandais encore comment j'avais pu être stupide au point de déclencher la malédiction volontairement, comment j'avais pu être assez idiot pour croire que je m'en foutais, que ça ne changerait rien pour moi.
Je fermais les yeux en sentant les premières douleurs, j'avais envie de hurler mais je savais que ça risquait d'attirer les gens alors je me contentais simplement d'attendre, de penser à autre chose, ce n'était qu'un mauvais moment à passer après tout non ?

Pour les autres loup-garous peut être oui, mais pas pour moi, quand j'ouvris les yeux le lendemain matin, allongé au milieu des bois, j'étais toujours aussi mal que la veille au soir, voire plus mal pour être honnête.
Devant l'incompréhension de la meute face à mon état à chaque lendemain de pleine lune j'avais dû décrire mes sensations, j'avais dû expliquer que j'avais l'impression de revivre en continue chaque fracture de la nuit précédente, au point d'avoir du mal à respirer et de ne plus pouvoir tolérer les contacts physique. Pour faire plus simple, j'avais l'impression de mourir un peu plus à chaque fois et je me demandais secrètement si un jour ça n'allait pas m'achever pour de bon.

Après quelques minutes je fis l'effort de m'asseoir, passant doucement une main dans mes cheveux, et essuyant la sueur qui avait perlée sur mon front. Je regardais partout autour de moi, Hope était censée être là mais pourtant je ne voyais aucun signe d'elle, et croyez moi une tignasse blonde au milieu des bois, ça se remarquait.
C'était étrange, elle n'était jamais en retard d'habitude, elle était même la ponctualité incarnée.
Dans un soupir, je pris appui contre un arbre derrière moi pour me relever, et ramassai le pantalon que j'avais laissé dans un coin, j'allais rentrer voir ce qu'il se passait, j'espérais qu'elle s'était juste endormie et qu'il ne s'était rien passé de plus grave.

Après quelques minutes de marche, qui dans mon état m'avaient parues être des heures, j'avais enfin atteint l'appartement, je poussai donc la porte et entrai juste avant que mes jambes ne décident qu'il était temps de me faire revivre les fractures de la veille, je manquais de m'écrouler, me rattrapant à un mur sans la moindre discrétion et étouffant un cri de douleur au passage, au moins si ma sœur dormait, elle allait être réveillée.

C'est en la voyant débarquer, décoiffée et encore à moitié endormie que je compris que j'avais visé juste, sale marmotte va. En soit je ne lui en voulais pas, maintenant que les nuits de pleine lune étaient pour elle des nuits comme les autres c'était normal qu'elle dorme comme tout le monde, je ne pouvais plus lui demander de veiller sur moi comme avant.

Mais visiblement elle n'était pas tout à fait de mon avis puisqu'elle m'aida à marcher jusqu'à notre chambre avant de m'allonger sur le lit. Je ne protestais pas, même quand elle commença à me tamponner le visage, finalement ça m'avait peut être plus manqué que je voulais bien l'admettre.

« Pardonne moi Maxx... »

Je tournai doucement la tête vers elle, grimaçant quand elle attrapa ma main.

« Arrête de t'excuser, je t'en veux pas. C'est normal de dormir la nuit »

Plus normal que de se foutre à poil au milieu d'une forêt et d'attendre que tous ses os se brisent en tout cas. Je tentai de lui sourire un peu, pour la rassurer.

« T'as rien fait de mal Hope, c'est... »

Je fis une pause pour reprendre ma respiration, j'avais du mal à respirer, je détestais ça, cette impression d'étouffer sur place à chaque fois que je tentais de dire une phrase de plus de 3 mots.

« C'est ma faute, j'aurais jamais dû déclencher volontairement ma malédiction »

On en revenait toujours à ce point, tous les mois, tous les mois je revenais là dessus et je laissais la culpabilité me submerger en même temps que la douleur, c'était invivable, je n'en pouvais plus. 

Je secouais la tête en attendant parler mon frère, il me disait que ce n'était pas grave que je ne sois pas venue le chercher. Mais dans ma tête c'était très grave, trop grave même, je me détestais de l'intérieur. Depuis qu'il avait déclenché sa malédiction j'avais toujours été là pour le soutenir chaque lendemain, parce que je savais combien c'était dur pour lui de supporter les effets de la transformation. Malheureusement, j'avais reçu un précieux cadeau de la part de Kaleb, une bague de lune, m'empêchant de me transformer les nuits de pleine lune, bien pratique. Il était vrai que certaines absences au travail risquaient d'alerter mes supérieurs, d'autant plus que ma colocataire commençait à se demander pourquoi je m'absentais tous les mois, les nuits de pleine lune. J'avais toujours bien réussi à mentir malgré mon incapacité chronique à dire des choses cohérentes lorsque j'essayais de mentir. Kaleb me l'avait reproché assez souvent d'ailleurs.

Qu'importe, Maxx était rentré à la maison dans un fracas ignoble, j'avais sursauté dans mon lit, envoyant valser mon pauvre PC portable sur le sol. C'était bien fait cela dit, je n'avais qu'à pas m'endormir comme une grosse daube en plein milieu de la nuit alors que je devais veiller sur mon petit-frère. J'avais détalé de la chambre comme un lapin, courant vers l'entrée pour y retrouver Maxx. Il était vraiment dans un sale état, je m'en voulais encore plus de l'avoir laissé rentrer seul comme cela. J'étais un cas désespéré. Je m'étais platement excusée, lui disant que je m'étais endormie au beau milieu de la nuit, abandonnant ma partie de Hearthstone par la même occasion...

Je l'aidais à rejoindre notre chambre en le tenant par la taille, comme je le pouvais, mais j'étais quand même un loup-garou même si je ne me transformais plus, je conservais ma force. Je l'allongeais et fonçais dans la salle de bain pour prendre une serviette humide. Son visage brillait de transpiration et de poussière, il avait dû passer une nuit ignoble. Je lui tamponnais la peau pour retirer en douceur les saletés et le rafraîchir, une fois fini le nettoyage, je lui serrais la main, lui demandant de me pardonner. Il tourna lentement la tête vers moi, grimaçant légèrement suite à mon geste.

« Arrête de t'excuser, je t'en veux pas. C'est normal de dormir la nuit. »

Dans mon cas ce n'était pas normal, je secouais la tête alors qu'il tentait vainement de me sourire. Il cherchait à me rassurer alors que c'était moi qui craignait pour le coup...

« T'as rien fait de mal Hope, c'est... »

C'est moi et moi seule, Maxx, qui était stupide. J'aurais du ne pas m'endormir, j'en avais presque envie de pleurer, et le voir dans ces états me rendait malade.

« C'est ma faute, j'aurais jamais dû déclencher volontairement ma malédiction. »

Le voir comme ça me rendait plus que malade, j'en avais les larmes aux yeux, mais je les retenais autant que je le pouvais. Je prenais une inspiration pour pouvoir les ravaler sans trop montrer à Maxx que j'étais presque sur le point de fondre en larmes. Je savais qu'il avait déclenché sa malédiction volontairement, je n'y avais jamais vraiment vu d'objection, peut-être parce que c'était mon frère et que je lui pardonnais toujours tout... Mais je me demandais si le fait d'avoir provoquer la malédiction n'était pas la raison de sa douleur chaque nuit de pleine lune. Tous les loups souffraient lors de la transformation, mais Maxx c'était le stade au dessus, c'était une torture insoutenable qui le vidait de toute énergie pendant très longtemps.

« Ce n'est pas ta faute, tu l'aurais sans doute déclenchée accidentellement comme moi plus tard... Et si c'est de ma faute, je n'aurais pas dû m'endormir, pourtant j'avais réussi à tenir longtemps mais au bout d'un moment je me suis endormie sans m'en rendre compte. Je crains comme sœur, je vais essayer de me rattraper. Tu veux manger ou boire quelque chose ? Demande-moi n'importe quoi Maxx. »

Je lui caressais la joue doucement.

« Je reste avec toi toute la journée, je ne bougerais pas d'ici sauf si tu me le demandes pour X ou Y raisons. »

Pas même si ma colocataire avait besoin de quelque chose. Je jetais un œil au réveil sur la table de nuit, il était bientôt neuf heures, elle n'allait pas tarder à se lever. J'avais décidé de lui dire que Maxx était malade, après tout ce n'est pas vraiment un mensonge.   

Hope culpabilisait toujours de m'avoir laissé seul dans la forêt, malgré mes tentatives pour la rassurer elle n'en démordait pas, à ses yeux elle restait une mauvaise sœur.
Une mauvaise sœur pour s'être simplement endormie ? On marchait sur la tête, avec son travail elle avait des journées éprouvantes c'était logique qu'à un moment elle ait des besoins physiologiques humains même si à proprement parler elle n'était pas humaine, passons.

Je voyais bien qu'elle avait les larmes aux yeux et ça me rendait fou, je ne voulais pas qu'elle pleure à cause de moi, surtout pas, c'était juste un lendemain de pleine lune comme tous les autres, au bout du compte, je n'en mourrais pas, la douleur passerait, je serais fatigué encore quelques jours, et puis tout rentrerait dans l'ordre jusqu'au mois suivant, la routine quoi.
Malgré la douleur je lui serrais la main un peu plus fort, la fixant dans les yeux, je voulais qu'elle voit, qu'elle comprenne qu'elle était une personne formidable, qu'elle n'avait rien à se reprocher. Contrairement à moi.

Moi j'avais quelque chose à me reprocher, et pas qu'une d'ailleurs. Si aujourd'hui je subissais tout ça, c'était par ma propre faute. Je m'étais cru plus malin que tout le monde et j'avais pris tout le monde de haut en disant que moi j'allais déclencher la malédiction volontairement, au moins comme ça je ne risquais pas un accident qui ferait basculer ma vie. J'étais ado, j'étais naïf et pourtant certain de tout savoir mieux que les autres, j'étais un sale gosse, un crétin et aujourd'hui j'en payais le prix. Pourtant depuis je m'étais racheté, j'avais un travail, une fiancée, je n'avais pas arrêté la drogue mais je faisais attention, elle était loin l'époque du sale mioche dealer, violent qui couchait avec tout ce qui bougeait...

J'écoutais Hope me rassurer me dire que de toute façon j'aurais probablement déclenché la malédiction par accident comme tout le monde, mais rien ne prouvait que j'aurais autant souffert si je n'avais pas dérangé l'ordre naturel des choses. Je n'insistais pas, cette discussion, c'était au moins la millième fois que nous l'avions, ça ne servait à rien d'épiloguer là dessus, et je me concentrais plutôt sur la dernière partie de sa phrase. Est-ce que je voulais manger, boire ? Est-ce que j'avais besoin de quelque chose ? Mine de rien, il me fallait y réfléchir.
La nourriture certainement pas, je doutais fortement que mon corps accepte d'avaler quoique ce soit avant un moment, mais boire serait une bonne idée, j'étais à peu près sûr d'avoir de la fièvre en plus du reste. Doucement je portais la main à mon front pour vérifier, malgré la douleur que ce geste éveilla en moi. Je grimaçais au contact de ma propre peau il fallait que je boive, définitivement.

«Je veux bien à boire, s'il te plait Hope »

D'autres questions commencèrent à faire leur chemin jusqu'à mon esprit

«Tu dois pas aller travailler aujourd'hui ? Tu vas dire quoi à ta coloc' ? »

Parce que vraiment, « Je m'occupe de mon petit frère qui supporte mal sa transformation en loup-garou mensuelle » ce n'était peut être pas la meilleure chose à dire. Peut être pas.

Je l'observais, étendu sur mon lit, notre lit à présent, je le voyais souffrir et je me sentais impuissante, comme si je ne pouvais pas éviter l'inévitable. C'est une des choses les plus frustrantes au monde. Comme voir un être cher à qui l'on tient très fort s'éteindre au fur et à mesure, sans pouvoir faire quelque chose pour le rendre mieux. Jusqu'à ce qu'on décide de rendre les armes et de le faire partir plus rapidement, qu'il ne souffre plus.

Sauf qu'heureusement Maxx n'était pas en train de mourir, juste de se remettre d'une transformation qui avait le même effet qu'une gueule de bois, en décuplé. Ça allait durer quelques jours avant qu'il ne soit de nouveau en forme. Je m'inquiétais pour lui, et m'en voulais de m'être endormie, je lui demandais s'il avait besoin de quelque chose, quoique ce soit qui puisse le soulager. Après réflexion il me demanda à boire. Je me voyais mal lui ramener une canette de Dr Pepper alors j'optais naturellement pour un verre d'eau.

« Tu dois pas travailler aujourd'hui ? Tu vas dire quoi à ta coloc' ? »

Je fis non de la tête pour lui répondre à la première question.

« Je suis en congé aujourd'hui. C'est rare je sais. »

Et pour répondre au reste...

« Je vais lui dire que tu es malade, voilà tout. »

Je me levais du lit et me rendais dans la cuisine où je tombais nez à nez avec... Rachelle. Super. Elle n'était pas censée être réveillée à ce moment, j'étais légèrement surprise et lui fis remarquer. Elle haussa un sourcil, milkshake en main et paille dans la bouche. Oui cette fille prenait du milkshake en guise de petit déjeuné, j'avais arrêté de chercher de comprendre au bout du troisième jour. Ma colocataire relâcha cette pauvre paille.

« C'était quoi le boucan que j'ai entendu tout à l'heure ? »

Et elle avait entendue Maxx. Génial. J'avais l'excuse toute prête, heureusement.

« C'est rien, Maxx est rentré d'une nuit compliquée et il est malade. »

« Rien de grave j'espère ? »

Je secouais la tête, quant à sa tête à elle, elle était bien trop inquiète. Je soupçonnais Rachelle de porter beaucoup plus d'intérêt à mon frère qu'il n'en fallait. Et ce n'était pas le moment de me prendre la tête avec des histoires compliquées encore. Je digérais à peine sa révélation au sujet de cette Maxine alors si Rachelle s'y mettait...

« T'es sûre ? Vu le bruit on aurait dit qu'il s'était affalé sur le sol... Je vais aller voir. »

Elle se levait de sa chaise et je la faisais se rasseoir précipitamment.

« Non, non, non. Quand il est malade, il ne veut pas de visite. Sauf moi. »

Maintenant c'était clair et net, elle avait le béguin pour lui. Parfait. J'étais dans de beaux draps encore. Je remplissais un verre d'eau et retournais dans la chambre, sous le regard suspicieux de ma colocataire. Je fermais la porte et écoutais, attendant de voir si je captais la présence de la fouine pas très loin de la porte. Le bruit de la paille dans le fond du verre me conforta qu'elle n'était pas non plus une espionne. Le problème c'est que je me voyais mal lui dire que Maxx était malade tous les mois, à la même période, plus ou moins. Je revenais sur le lit et déposais le verre sur la table de nuit.

« Tu as tapé dans l’œil de ma colocataire. Quand est-ce que tu me présentes Maxine ? »

Puisqu'il allait être coincé ici une très grande partie de la journée, si ce n'est la journée complète, je pouvais m'occuper de lui et lui poser toutes les questions que je voulais. Autant en profiter.   

Après quelques instants de réflexion j'avais fini par demander un verre d'eau à Hope, avant de me concentrer sur deux questions qui, sans en être au point de m'obséder, piquaient ma curiosité, à savoir si elle n'était pas censée être à son travail en ce moment même et ce qu'elle allait bien pouvoir raconter à sa colocataire pour justifier le bruit que j'avais fait en rentrant, car il fallait bien l'admettre, sur ce coup là je n'avais pas été le roi de la discrétion.

Elle me répondit qu'elle était en congé pour une fois et qu'elle dirait à sa coloc' que j'étais malade tout simplement, avant de quitter la pièce pour aller me chercher ce que j'avais demandé.
C'était rare qu'elle soit en congé c'est vrai, et ça me gênait presque qu'elle le passe à s'occuper de moi, d'autant plus que j'avais bien conscience du fait qu'elle n'avait pas choisi sa date au hasard...
Ce n'était pas tant que je ne voulais plus qu'elle s'occupe de moi, c'était surtout que ça me faisait mal de la voir inquiète alors qu'au final ce n'était pas si dramatique, et c'était surtout, entièrement de ma faute.
Je soupirais longuement, j'en avais plus qu'assez que cette pensée revienne en boucle dans ma tête à chaque lendemain de pleine lune, quand serais-je capable d'assumer ce que j'avais fait ?
C'était juste une erreur de gamin, il allait réellement falloir que je me secoue pour me pardonner, personne ne devrait se condamner à souffrir autant de ses actes passés.

J'entendais Hope à travers la porte parler avec sa colocataire et d'après les morceaux de phrases que je saisissais elle allait en avoir pour un moment. D'un geste j'attrapai mon téléphone pour m'occuper et envoyai quelques messages, à Maxine d'abord pour la rassurer, puis à mon agent, pour lui expliquer en toute subtilité (« Lol Nope » ) que non, je ne ferais certainement pas de shooting à Naples demain. Ça en était presque risible, j'étais allongé dans mon lit, incapable d'aller me chercher à boire tout seul et cet abruti insistait pour que je parte à l'autre bout du monde immédiatement.

J'entendis la porte s'ouvrir et je reposai mon téléphone à sa place initiale, un peu précipitamment mais je n'étais pas spécialement sûr que Hope approuve ma manière de m'adresser à mon agent. Elle me tendit un verre d'eau avant de prendre la parole.

« Tu as tapé dans l’œil de ma colocataire. Quand est-ce que tu me présentes Maxine ? »

Je portai le verre d'eau à mes lèvres en grognant une phrase incompréhensible qui signifiait probablement quelque chose comme « Putain de merde je suis coincé ». Depuis que j'avais déclenché ma malédiction et qu'elle s'occupait de moi, Hope profitait aussi de ces moments pour me poser toutes les questions que j'évitais d'habitude, forcément je ne pouvais pas fuir dans cet état.

« C'est pas étonnant qu'elle craque pour moi, je suis sexy, enfin, quand je suis pas en train d'agoniser bien sûr »

Ni sous forme de loup, je savais que les femmes aimaient le côté sauvage et animal mais il ne fallait pas abuser quand même.

« Et pour Maxine je sais pas...C'est si important que ça que tu la rencontres ? »

Faire taire Rachelle était un événement plutôt miraculeux, lui faire croire que mon petit-frère était malade avait été une bonne idée, malheureusement je n'allais pas pouvoir lui faire croire ça à chaque pleine lune, elle n'était pas née de la dernière pluie, elle allait rapidement venir poser des questions. Je ne savais pas trop comment nous allions pouvoir tourner ça, en tous les cas j'avais maintenant un mois pour y penser. J'avais récupérer le verre d'eau pour Maxx et étais repartie rapidement dans la chambre, je ne voulais pas qu'elle me suive ni qu'elle espionne en nous écoutant à travers la porte. La discussion risquait d'être un peu trop surnaturelle pour elle...

En rentrant dans la chambre je découvrai un frère à l'agonie dans mon lit. Ah, mon pauvre Maxx... Je refermai la porte derrière moi et le rejoins sur le lit, lui donnant son verre au passage. Malgré la tristesse de la situation, j'en profitais pratiquement à chaque fois. Etant cloué au lit, Maxx ne pouvait pas s'échapper et prendre la fuite quand je lui posais une question. C'était l'occasion pour moi de me tenir au courant des choses qu'il tentait tant bien que mal de me cacher. Malheureusement j'étais un peu comme Kaleb de base, alors en le fréquentant le côté fouine s'était aggravé avec le temps. Après ma première question, celle au sujet de Maxine, la fameuse fiancée, Maxx se contenta de grogner. Il avait bien compris ce qui l'attendait. J'avais aussi fait une remarque au sujet de ma colocataire, rien de vraiment intéressant. Et pourtant...

« C'est pas étonnant qu'elle craque pour moi, je suis sexy, enfin, quand je suis pas en train d'agoniser bien sûr. »

Autant j'adorais mon frère, autant son côté vantard arrogant narcissique je m'en passerais bien. Je levais les yeux au ciel en soufflant du nez, comme si c'était le moment d'ignorer ma question ! Visiblement j'allais devoir me montrer plus ferme pour qu'il réponde à mes questions.

« Et pour Maxine je sais pas... C'est si important que ça que tu la rencontres ? »

Peut-être que si en fait. Je ne comprenais pas pourquoi il voulait à tout prix me tenir à l'écart de sa nouvelle vie. C'en était même vexant, autant pour cette fille que pour moi. Il n'en avait pas honte pourtant, puisqu'il la trouvait belle, et que ce n'était pas une des morues qui posaient devant l'objectif. Je doutais qu'il lui ai caché sa véritable nature puisqu'il l'avait demandé en mariage. Alors je ne voyais vraiment pas ce qui n'allait pas.

« Pourquoi tu refuses de me la présenter ? Je suis ta sœur quand même, j'ai le droit de savoir, déjà que tu me l'as cachée pendant un an... »

Je me rappelais donc qu'à l'époque c'était parce qu'il m'en voulait d'avoir obéit à l'Alpha. Il m'en voulait toujours ? Je ne comprenais pas pourquoi il restait bloqué sur cette histoire alors qu'il m'avait rejoint ici de lui-même, sans que j'ai à lui demander...

« C'est à cause de mon départ que tu fais ça ? »

Si c'était vraiment le cas, je pensais avoir été assez punie comme ça depuis le temps...  

Un rire m'échappa quand ma sœur leva les yeux au ciel en m'entendant me vanter d'être incroyablement sexy, honnêtement j'avais bien un côté arrogant en moi mais avec elle je faisais exprès de forcer dessus volontairement, sachant que ça l'exaspérait au plus haut point.
Mais cette fois en voyant sa tête je m'arrêtais rapidement, comprenant qu'elle voulait vraiment une réponse concernant Maxine, et leur future rencontre, réponse que je n'arrivais pas à donner, malgré tous mes efforts, préférant éluder la question et lui demander si c'était vraiment nécessaire qu'elle la rencontre.
Concrètement je savais que ça l'était, si elle était fiancée je voudrais forcément connaître l'heureux élu mais à l'idée de voir Maxine et Hope dans la même pièce je ressentais un mélange de peur, et de malaise, qui n'avaient rien à voir avec mon état de santé actuel.

« Pourquoi tu refuses de me la présenter ? Je suis ta sœur quand même, j'ai le droit de savoir, déjà que tu me l'as cachée pendant un an... »

Je n'en avais pas la moindre idée, je réfléchissais à toute vitesses pour trouver ne serait-ce qu'une excuse, ou une raison, même si elle était fausse qui expliquerait mon problème, mais rien ne venait, je ne me comprenais pas moi-même cette fois.

« C'est à cause de mon départ que tu fais ça ? »

Sans le savoir elle venait de me la donner, mon excuse.

« Oui, c'est pour ça. »

Mais ma voix sonnait complètement fausse, et je me sentais coupable de lui mentir, surtout sur un sujet que je savais aussi sensible.

« Enfin non, c'est pas pour ça, pardon, je me cherchais une excuse...Ton départ je te l'ai déjà dit, je l'ai accepté depuis longtemps, surtout que maintenant on est de nouveau tous les deux, je veux juste pas que tu vois Maxine, je sais pas pourquoi. »

Je me pris la tête entre les mains, j'avais mal  à la tête et surtout, je voulais comprendre quel était mon problème. J'inspirais à fond, la tête entre les mains et je me forçais à analyser mes émotions calmement, jusqu'au moment où je compris enfin ce qui n'allait pas.
Je relevai la tête vers Hope, plantant mon regard dans le sien, ce que je m'apprêtais à dire allait être une véritable épreuve pour moi qui était en général incapable d'exposer à voix haute mes sentiments et émotions, pour moi le narcissique de service.

« J'ai peur. J'ai peur que tu ne l'aimes pas, parce que moi je l'aime. Je sais que pour toi, me fiancer à 19 ans c'était une connerie dans la même lignée de toutes les autres mais je te mens pas, j'arrive pas à me voir vivre sans elle, et si toi, la personne que j'aime le plus au monde, la déteste elle, je sais que je me sentirais mal, et je veux plus être mal... »

Maxx avait toujours très mal supporter les nuits de pleine lune et celle-ci n'avait pas fait exception puisqu'il se retrouvait dans mon lit à agoniser. Après être partie lui chercher un verre d'eau, je savais qu'il était temps pour moi de passer à l'attaque en le questionnant sur tout ce que je voulais, il ne pouvait pas prendre la fuite. Le sujet difficile arriva très vite sur le tapis, Maxine, sa fiancée. Je ne savais rien d'elle à part son prénom et qu'elle fréquentait mon frère depuis bien longtemps à présent. Alors j'avais simplement posé la question : pourquoi est-ce que je ne pouvais pas la voir ? Voyant qu'il semblait lui même perplexe je surenchérissais en lui demandant si c'était à cause de mon départ de la meute pour rejoindre Mystic Falls. Si c'était le cas, j'allais mal le vivre, vraiment. Il n'y avait plus besoin de me punir autant.

« Oui, c'est pour ça. »

Sa réponse avait l'effet d'une gifle en plein visage. J'avais presque un léger mouvement de recul en entendant sa réponse et plissais un peu les sourcils, choquée. Il était venue me rejoindre de lui-même ici sans que je ne lui demande quelque chose et il me reprochait encore d'avoir été forcée de partir de la meute ? Pour quelque chose que je n'honorais même pas d'ailleurs. Je savais qu'en étant louve il était recommandé d'avoir une meute mais bon... J'avais ma propre meute, disons le comme ceci.

« Enfin non, c'est pas pour ça, pardon, je me cherchais une excuse...Ton départ je te l'ai déjà dit, je l'ai accepté depuis longtemps, surtout que maintenant on est de nouveau tous les deux, je veux juste pas que tu vois Maxine, je sais pas pourquoi. »

Il n'avait pas l'air de se rendre compte qu'il s'enfonçait un peu plus à chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour parler. Je me retenais de lui arracher des mains son verre d'eau pour lui jeter au visage, tellement j'étais vexée de sa réaction. J'étais sa sœur et il m'excluait de sa vie comme un vulgaire parasite. Je le vis se prendre la tête entre les mains, quant à moi je m'étais un peu renfrognée et renfermée sur moi-même. Il me rejetait, très bien. Maxx planta son regard dans le mien, mais je devais être froide. Il se mit à parler, enfin, me disait qu'il avait peur. Qu'il avait peur que je n'aime pas sa Maxine parce que lui l'aimait. Qu'il avait conscience qu'à mes yeux se fiancer à 19 ans était une grossière erreur mais que lui en tout cas ne se voyait pas vivre sans cette fille. Il savait qu'il se sentirait mal si elle n'était plus avec lui, alors si moi je ne l'aimais pas, il ne savait pas ce qu'il allait pouvoir faire. Je prenais une grande respiration.

« Je vois. Mais ça t'en saura rien tant que je ne l'aurais pas rencontrée, tu ne peux pas me tenir hors de ta vie. »

Et puis de toute façon si je ne l'aimais pas je n'allais pas le dire à Maxx. Non, je le dirais à Kaleb.

« Qu'est-ce qui te dit que ce serait forcément moi qui la détesterait ? Si c'est elle qui me déteste, comment tu fais ? »

J'espérais bien lui poser une colle. Petite vengeance personnelle sur le fait qu'il m'avait blessée quelques secondes avant en m'excluant de sa vie.