Excuse me, but what the f*ck ? (ft. Azriel Knight)

Cela fait deux jours que je traque un vampire qui a fait son apparition à Mystic Falls et que j'ai surpris se nourrissant sur une serveuse. Un homme, la vingtaine physiquement, donc j'ignore tout, et qui n'est resté en vie que parce que je n'étais pas assez armée pour le vaincre ce soir là.

Il doit être minuit, ou proche de minuit, et je le suis depuis le couché du soleil, cherchant un endroit où je ne serais pas surprise enfonçant un pieu en bois à travers sa poitrine. Après tout, finir en prison pour meurtre sur un vampire, ce serait le comble, car contrairement à ces créatures assoiffées de sang, je ne peux pas hypnotiser les témoins pour leur faire oublier l'événement. Quoi qu'il en soit, suivre un vampire qui a l'ouïe sur-développée à travers la forêt n'étant pas une tâche facile, j'ai décidé de jouer la carte de la pauvre potentielle victime qu'il voudrait utiliser pour son dîner, faisant bien en sorte d'être repérée, faisant du bruit, hurlant des « Au secours ! » ou encore « Il y a quelqu'un ?! », dans le but de laisser entendre que je me serais perdue. En réalité, je me trouvais très proche de chez moi et me repérer dans les bois n'a jamais été compliqué.

Je n'ai pas le temps de crier bien longtemps que l'Abomination fait son apparition devant moi, affichant un sourire de sympathie qui m'aurait paru crédible si je ne connaissais pas la véritable nature de l'individu posté à un mètre de moi. Il s'approche doucement en m'expliquant qu'il souhaite m'aider, que la route n'est pas loin et qu'il suffirait que je lui fasse confiance. Je fais semblant d'entrer dans son jeu et me lève, il me fixe droit dans les yeux et tente d'utiliser son pouvoir d'hypnose, me demandant de ne pas bouger, ni de crier. Étant sous verveine, je reste totalement consciente et glisse discrètement ma main dans ma poche de veste pour attraper le pieu que j'ai emporté avec moi avant de quitter ma maison. Ses crocs s'allongent et il s'approche de mon cou, quand je sors brusquement le morceau de bois taillé de ma poche et l'enfonce brutalement dans sa cage thoracique. Il recule d'un pas et des veines grises remontent jusqu'à son visage, visible à partir du col de son T-Shirt. Il tombe sur le sol. Étrangement, il a beau être mort, je ne me sens pas seule pour autant, au contraire, je ressens une paire d'yeux posés sur moi. Je parcours les environs du regard quand je sens quelque chose au niveau de ma main. Je baisse les yeux et retire ma mitaine avant de faire un petit bond. Un tatouage ? Apparu, comme par magie. Je frotte, mais rien ne part. Un craquement de banche me fait relever les yeux et j’aperçois un homme, s'avançant dans ma direction. J'attrape un second pieu dans mon autre poche et le serre fort dans ma main, prête à affronter un autre combat potentiel.

Je regarde l’homme s’approcher, et continue de serrer le pieu. Je sens clairement que ce n’est pas un vampire, mais je ne connais pas sa véritable nature ni ses intentions à ce moment précis. Il n’est pas le moins du monde choqué par le fait que j’ai tué quelqu’un devant ses yeux, donc j’en déduis assez rapidement qu’il n’est pas un humain ordinaire. Toutefois, lorsqu’il prononce sa phrase, j’ai du mal à comprendre de quoi il parle.

Le tatouage sur ma main m’inquiète, serait-ce de la magie ? De la bonne, ou de la mauvaise ? Pourquoi un tatouage apparaîtrait sur ma main pile au moment où je tue une de ces créatures ? Ça ne peut être que de la magie noire. Malheureusement, je suis trop loin de la Nouvelle-Orléans pour demander l’aide de ma sorcière fétiche. Je laisse l’histoire de ce mystérieux tatouage de côté le temps de me concentrer sur le blond. Il a l’air sûr de lui, une bonne démarche de tueur professionnel. Je ne tente rien et baisse le pieu, le gardant bien au creux de ma main, prête à le dégainer au premier mouvement de l’homme face à moi.
Si je suis restée en vie ces dix dernières années, c’est bien grâce aux précautions que je prends chaque fois que je me retrouve dans une situation similaire à celle-ci, je vais tenter d’éviter de tout foutre en l’air en un instant, je n’ai pas vraiment envie de finir morte dans les bois.

« Tu es qui, toi ? Qu’est-ce que tu fais au milieu des bois à une heure pareille ? »

Je répète ses paroles dans ma tête et commence à faire le lien avec le tatouage apparu sur le dos de ma main. Je cherche à voir s’il ne posséderait pas le même tatouage, par hasard, mais je ne vois rien, étant donné que ses bras et mains sont cachés par sa veste.

« En quoi on est pareil ? Et surtout, pourquoi j’aurais besoin de toi ? »

Je le regardais de haut en bas, admirant secrètement la vue. Quand il a commencé à se déshabiller, ma première pensée fut « Euh What the Fuck ? » mais j'ai changé d'avis en un quart de secondes. Je lève les yeux au ciel en l'entendant parler et range le pieu dans mon sac avant d'essayer de frotter le dos de ma main pour tenter de faire disparaître le tatouage. Bien entendu, je me doutais bien que ça ne marcherait pas, mais je pouvais bien essayer, ça ne coûtait rien. Je continue de frotter en lui parlant.

« Joli tatouage. Maintenant tu m'expliques comment je fais pour le virer ? Je ne suis pas fan du style. Par ailleurs, tu sais, il te suffisait de retirer la manche de ton T-Shirt, tu n'étais pas obligé de me faire un petit strip-tease privé. »

Bon, ça ne me gène pas du tout comme vue, mais il faut bien s'imposer pour inspirer directement le respect... Et j'aime bien avoir une image un tant soit peu badass. Toutefois, cette image a sans doute été un peu détruite au moment où je n'ai pas réussi à retenir un petit sourire. Mais je ne m'attarde pas plus longtemps sur le sujet vestimentaire.

« Mais pourquoi tu veux m'aider ? »

Je n'étais pas très familière avec ce concept, peu de gens me tendent la main juste pour m'aider sans rien en retour. En réalité, ce n'est arrivé qu'une seule fois dans ma vie, et ça remonte à une dizaine d'années, quand mes parents sont décédés et que ma formatrice,

« Et puis c'est quoi ce tatouage ? On est quoi ? Qui sont "les autres", comme tu dis ? Pourquoi ce truc est apparu sur ma main pour me faire coucou, comme ça ? J'ai rien demandé, moi ! »

Un bon million de questions me trottaient dans la tête et je voyais déjà le bel homme en face de moi me préparer sa tête de « je ne suis pas patient alors me fais pas chier et laisse moi en placer une, ce serait gentil. » Qu'il se mette à ma place, aussi ! Ça ne semble pas tout nouveau pour lui, mais j'ai cette marque sur la main depuis seulement deux petites minutes et je suis encore en train d'essayer de l'effacer, bien que je sache pertinemment, encore une fois, qu'elle ne partira pas si facilement... Elle ne partira peut-être même pas du tout, en réalité.

Je choisis de m'approcher tout de même, essayant de lui faire comprendre au passage que le tuer ne fait plus partie de mes premiers choix. Il a réussi à attiser ma curiosité déjà bien titillée, j'ai réellement envie de comprendre dans quelles embrouilles j'ai encore réussi à me mettre toute seule...

« Bon, c'est bon, j'ai compris. Je me calme, je me tais, et je t'écoute. Maintenant, explique moi ce que c'est que ce bordel, s'il te plaît. J'ai posé le pieu, regarde ! »

J'assimile un peu les nouvelles en m'asseyant sur le sol. Je me suis totalement calmée, savoir que je n'allais pas en mourir, c'est tout ce dont j'avais besoin. Maintenant, il ne s'agit que de pure réflexion à propos de la situation, de mon avenir potentiel. Je deviendrais donc meilleure dans ce que je fais, au final ? Je crois avoir compris ça, et c'est ce qui éveille tout d'abord mon intérêt. Je me repasse son petit discours dans la tête en regardant ma main, les sourcils froncés. Il a évoqué autre chose d'intéressant, mais seulement pour mon égo cette fois, pas tant pour les conséquences.

« Je suis donc peut-être bien la première femme à rejoindre cette confrérie ? Les "Cinq" ? Voilà qui est intéressant. »

Je commence à m'amuser de la situation, à ma plus grande surprise. Un peu d'action en approche. Je sais que je devrais probablement trouver la mort de l'autre chasseur triste, mais ça ne m'effleure pas l'esprit de me sentir désolée pour lui, c'est étrange.

« Ce tatouage n'est pas si moche, je devrais pouvoir m'y faire. Surtout s'il montre au monde que je l'ai un peu plus protégé de ces monstres. »

Je songe à accepter son aide. Je n'ai pas eu de réel contact humain depuis un moment. Par contact humain, je parle d'un lien, une amitié, ne voyons rien de sexuel là-dedans. Je le regarde avec insistance, ce qui peut sans doute paraître bizarre, mais j'essaye de voir s'il est réellement digne de confiance, si son aide m'apportera réellement quelque chose, et si c'est digne d'intérêt. Il ne m'a pas l'air bien méchant, peut-être un peu spécial, mais qui suis-je pour juger ?

« J'accepte ton aide. Après tout, je ne vois pas de gros point négatif à apprendre un peu d'histoire, à maîtriser ce qui m'arrive, et à avoir une sorte de mentor. Par contre, ne compte pas sur moi pour faire ton café et ta vaisselle. »

Je me redresse et secoue ma tête afin de remettre mes cheveux en place. J'ai gagné beaucoup d'énergie en très peu de temps, je crois que mon optimisme est palpable. Je prête bien attention à la demande de cet homme qui peut faire à la fois drague de seconde zone, phrase de violeur, et demande réelle et sérieuse. Toutefois, quelque chose me pousse à lui faire confiance, et me fait balayer les deux premières possibilités. De toute manière, je tue des vampires, je pense pouvoir me débrouiller face à un mec qui doit certainement me sous-estimer, alors pourquoi s'en faire ? En plus, pour qu'il y ait viol, il faudrait que je ne sois pas consentante, et vu le spécimen... Mais je m'égare.

« Très bien. On va chez toi. Et le thé est un bon choix. »

J'avance et je l'entends me demander mon prénom. Je ne saurais dire pourquoi, mais je n'ai pas envie de le lui révéler. Comme un jeu, je suppose. Quelque chose de potentiellement divertissant, une situation que je trouve personnellement amusante. Je passe devant lui, je sais très bien par ou aller pour quitter la forêt, j'y passe le plus clair de mon temps, je vais finir par devenir garde forestière. Alors que je lui tourne le dos, je me décide à lui répondre, toujours en gardant bien à l'esprit que je souhaite conserver le contrôle de la situation, et surtout, que je veux m'amuser.

« Tu devrais pouvoir le découvrir par toi-même, non ? Avec ton super instinct façon super pouvoir... Magie... Ou je ne sais quoi d'autre. Plus rien ne m'étonnerait dans un monde où les hommes peuvent devenir immortels et se nourrir en bouffant la moitié de la gorge de quelqu'un juste pour le plaisir. »

Je souris et continue d'avancer. Je mène la danse, et j'aime ça. Pour combien de temps, ça, je n'en sais rien, mais ça aussi ça fait partie de mon petit jeu. Bon, à vrai dire, je ne sais pas où je vais en faisant ça, les contacts humains et moi même, ça fait deux. Voir dix.

Je n'ai jamais été douée pour entretenir une amitié ou quoi que ce soit qui s'en rapproche. Même en amour, c'était l'enfer. Je pense que j'étais à la fois insupportable à faire tout et n'importe quoi pour apporter un peu d'air frais à la relation, et trop absente du fait que je m'entraînais en secret à apprendre les dix meilleures façons de planter un pieu dans le cœur de quelqu'un sans se casser un ongle au passage. Au final, je comptabilisais surtout beaucoup de coups d'un soir, et de relations de quelques semaines.

En m'éloignant, je remarque que le cadavre du vampire que j'ai tué est resté sur place, mais je hausse les épaules et continue ma route, me concentrant sur le bruit de pas de mon mentor, si je puis dire, afin de calculer sa distance. Pourquoi ? Aucune idée. Ce que je sais, c'est qu'il est inutile de se préoccuper d'un vampire mort, de ce que j'ai compris, la ville s'en occupe très bien toute seule. C'est dingue le nombre de vampires morts qui ne font pas la Une des journaux.

« Et sinon, ça fait longtemps que tu connais l'existence de ces fameux Cinq ? »