Psychotic Meeting. Quand le chasseur devient la proie Feat Tennessee Williams

La première sortie de chasse de Tennessee ne s’était, pour ainsi dire, pas bien passée du tout. Tenté par tout ce sang à disposition, il avait réussit bien habilement à échapper à Enzo comme quoi l’âge ne faisait pas tout. Il était de nouveau dans un de ses délires de violence causés par son instinct de vampire et sa, si célèbre addiction. Il était à la recherche de deux choses, de l’héroïne et du sang. Combiner les deux était, bien entendu possible et, il savait parfaitement ou trouver de quoi se nourrir.

C’était un vieil immeuble abandonné qui appartenait à la ville mais que personne ne voudrait racheter tant il était en ruine. En d’autres termes, le squat parfait pour des drogués, criminels en fuite, sdf et tout autre exclus de la société. Tennessee y avait passé plus de nuits et de jours qu’on ne pouvait le croire quand on le voyait maintenant, sevré, ou presque. L’endroit n’avait aucun secret à ses yeux et il était certain d’y trouver de quoi faire un bon repas.

Bien sûr, coincé dans son délire d’instinct, il ne se rendait pas compte de tout ce qui se passait, il ne se rendait pas compte qu’il avait causé la mort de deux personnes et que s’il ne s’arrêtait pas, ce nombre risquait d’augmenter d’heures en heures. Etrangement, l’héroïne qui emplissait le sang de ses victimes eut un effet sur lui, un effet puissant qui le détendit immédiatement. En quelques secondes, son instinct s’était calmé, le vampire sauvage en lui se tut et s’endormit presque comme un bébé laissant un Tennessee seul face aux conséquences de ses actes.
Lorsqu’il reprit contact avec la réalité, une puissante odeur vint lui chatouiller les narines. Ce ne fut pas difficile à reconnaître tant il en avait bu des litres ces derniers temps, du sang. Il y en avait sur les murs, sur sa bouche, dans son cou, sur ses vêtements, sur ses mains et sur deux types dont les regards étaient définitivement fixés sur l’horreur. Le bébé vampire était presque innocent face à ce carnage tant il ne comprenait rien à ce qui s’était passé. Non, il n’aurait jamais pu faire ça, Enzo avait dit qu’il lui apprendrait à ne pas tuer et qu’il était prêt pour la première chasse et Enzo ne mentait pas enfin … pas à lui. D’ailleurs, où était-il ? Il regarda autour de lui, personne de vivant à la ronde. Les derniers souvenirs qu’il avait de son aîné étaient dans une petite rue isolée près du centre ville, là où il y avait toutes ces magnifiques décorations de Noël.

D’un coup, tout fut clair. Il avait échappé à Enzo en le blessant profitant d’un moment de faiblesse de son amoureux. Il avait fuit dans les bas quartiers jusqu’à arriver ici et … tuer. Ce fut les dernières secondes de lucidité auxquelles il eut droit. Immédiatement après, toutes ses pensées perdirent le moindre sens et il s’écroula en pleurant, impuissant face à ce qui se passait dans son propre esprit. Les souvenirs se mélangeaient aux idées, les idées étaient des mots ou des sons, la logique n’avait plus sa place dans un capharnaüm mental aux relents de folie.
La danse folle de ses pensées se calma lorsqu’une voix attira son attention, le forçant à se concentrer sur l’extérieur.

« Monsieur ? Vous n'êtes pas blessé ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? Vous avez vu quelques choses ? »

Tennessee ne répondit pas, ses yeux encore pleins de larme. Il ne comprit pas tout de suite la succession de question et son regard mordoré dépeignait toute l’incompréhension dont il faisait preuve.

« Vous avez vu comment il était ? Dites moi quelques chose, la couleur de ses yeux, sa taille ... n'importe quoi ! »

De nouveau il ne comprit pas et sursauta lorsqu’elle posa sa main sur son épaule. La réalité le rattrapait et calmait son esprit doucement. Difficilement, il se redressa. N’importe qui n’ayant pas assisté à la scène le prendrait pour une victime miraculée tant il avait l’air perdu. Après quelques secondes de travail, son cerveau voulu bien lui donner la signification de tous les mots qu’il avait entendu. Enfin … à moitié…

« De quoi ? Qu’est-ce qui .. Quoi ? »

Oui, ce n’était pas glorieux mais, pour des premiers mots dans la réalité, ils avaient au moins le mérité d’exister. Comme pour se réveiller il passa une main sur son visage, étalant un peu plus le sang qui était déjà partout sans vraiment se rendre compte. Bon, on va reprendre par étape. Cette femme lui avait demandé s’il était blessé, qu’est-ce qui s’était passé et s’il avait vu quelques chose. Ah ça, il avait tout vu à travers les yeux du serpent … il avait tout vu ... C’était lui qui avait fait couler tout ce sang et attiré l’attention de cette femme. Immédiatement, les larmes lui montèrent aux yeux. C’était lui le meurtrier de l’histoire. Est-ce qu’il avait vu comment « il » était ? Ah ça oui, aussi clairement qu’il se voyait dans un miroir …

« Je … », commença-t-il incapable de continuer sa phrase, perdu dans ses sanglots.

Tennessee s’était levé sans réellement savoir quoi faire. Il avait envie de rentrer chez Enzo mais, avait tellement peur de sa réaction. Le vieux vampire lui dirait sans doute que ce n’était pas grave alors que ça l’était, il le rassurerait sans lui en vouloir comme si c’était normal alors que c’était un acte de cruauté. Mais, pour Enzo, une simple banalité. C’était ça qu’il craignait, devenir comme son aîné, ne plus considérer la vie humaine comme quelque chose d’important, voir de sacré. Tennessee ne voulait pas être un tueur, ni faire souffrir des gens. Là, il savait qu’il allait toujours s’en vouloir pour ces deux hommes, ces deux cadavres. Il savait avoir transformé cette période de fête en période de deuil pour leur entourage. Tout ça parce qu’il ne savait pas se contrôler. Mais bon, Enzo lui dirait sans doute que ce n’est pas grave …

- Attend...

La voix de la jeune femme le sortit de ses pensées. Et dire qu’elle le prenait pour une victime alors qu’il était le bourreau. C’était d’ailleurs étrange que sa présence et sa proximité n’aient pas réveillé son instinct. Sans doute que ce n’était qu’une question de temps. Il devait sortir d’ici, s’éloigner le plus possible avant d’être rattrapé par le soleil. Mais, l’inconnue se plaça devant lui.

-Ecoute, je vais t'avouer quelque chose qui restera entre nous. Je suis une sorcière. Ca peut paraitre fou mais j'en suis une. Tu es déboussolé. J'ai les moyens de t'aider. Si tu es d'accord je peux rentrer dans ton esprit et effacer ce que tu as vu comme si rien ne s'était passé. Tu ne dis rien a personne et moi je t'aide, donnant donnant.

Tennessee écarquilla les yeux, c’était vraiment possible ça ? Elle avait l’air tout à fait sérieuse. C’était une chance hors du commun. Si elle pouvait effacer tout ça de son esprit, elle pouvait peut-être également le soigner, le rendre humain à nouveau. Plein d’espoir, il accepta sans réfléchir au fait qu’elle verrait des souvenirs dont il n’avait lui-même pas tout à fait accès et saurait donc bien vite qui était coupable de ce massacre.

Quand elle prit sa main, il ne sentit rien de particulier. Lui qui s’attendait presque à un spectacle son et lumière était presque déçu. C’était soft la magie en fait. Quand elle s’écarta brusquement, il sursauta, ne s’y attendant pas. La jeune femme avait toute la peur et le dégoût du monde dans les yeux. Elle recula jusqu’à se trouver contre le mur. Elle avait vu ce qui s’était passé à travers ses yeux, avait compris que le monstre, c’était lui. Au même moment, le soleil commença à entrer dans la pièce.

- C'est toi ! C'est toi le vampire !

Son hurlement fit reculer Tennessee d’un pas, le jeune homme avait déjà les yeux plein de larmes. Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire, complètement tétanisé par l’angoisse. Oui, c’était lui le vampire, le méchant de l’histoire sauf, qu’il n’avait jamais voulu l’être.

- J'aurai du me douter que c'était toi le vampire ! Tu n'as aucune marque de morsure au cou ! C'était toi forcément !

Oui, c’était lui, le vampire sanguinaire dans les yeux de la sorcière n’était qu’un gamin effrayé par son ombre. Il ne savait que dire et pris encore plus peur quand un sourire mauvais apparut.

-Je n'aurai pas besoin de te tuer Tennessee. Le soleil s'en chargera...

Immédiatement, il regarda la fenêtre, ce n’était qu’une question de temps avant que l’astre du jour inonde tout le bâtiment et châtie le meurtrier. Sauf que, Tennessee avait déjà sentit sa brûlure et ne voulait plus jamais vivre ça. Il s’en voulait oui, mais pas au point d’accepter de mourir brûler. Les yeux toujours plein de larmes, le bébé vampire recula, bégayant :

« Je n’ai jamais voulu ça … », incapable de prononcer le mot "tuer".

Comme si ça suffisait. L’enfer était pavé de bonnes intentions n’est-ce pas ? D’un coup, son instinct refit surface, l’instinct de survie. Il fallait qu’il s’éloigne et trouve une pièce sans fenêtre. Au sous-sol ! Il y avait une vieille cave avec une chaudière que tous les camés du coin avaient déjà essayé de réparer, lui y compris mais, sans jamais y arriver. C’était parfait.

D’un coup, il s’enfuit. La seconde d’après il était déjà dans les escaliers et, la suivante, dans la fameuse cave. C’était un endroit terriblement dégueulasse qui sentait la pisse et où les rats devaient régulièrement passer. Le cœur du vampire battait à une vitesse folle et il s’empressa de fermer la porte. Malheureusement, il n’y avait aucun verrou et rien dans la pièce pour la bloquer. Mais quel con, il s’était piégé dans une pièce sans sortie tout ça pour éviter le soleil mais, c’était la sorcière qui allait arriver pour le tuer.

Tennessee pleurait, n’arrivant pas à réfléchir correctement, emporté par l’angoisse et la peur. Il porta les mains à sa tête comme pour essayer de se calmer, sans succès. Résultat, il se réfugia dans un coin de la pièce, loin de la porte toujours fermé. Assis sur le sol, il gardait son regard mordoré brillant à cause des larmes fixé sur la porte, ressemblant étrangement à un condamné à mort qui attendait que son bourreau n’arrive pour l’emmener. Sauf que, le condamné en question n’avait pas le luxe d’être innocent pour apaiser sa conscience. Dans le fond, il méritait la mort après ce qu’il avait fait. Et puis, elle le soulagerait non ? La grande Faucheuse le prendrait dans ses bras comme une maman qui réconforterait son enfant, lui dirait que tout était finit et que, désormais, tout irait bien …

Tennessee était mort de panique et d’angoisse à l’idée de subir de nouveau la brûlure du soleil sur sa peau. Même si dans le fond il savait qu’il ne méritait que ça, il ne voulait pas, se sentant comme un enfant qu’on punissait parce qu’il ne comprenait pas. Son angoisse monta d’un cran lorsque, quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit. La sorcière était là et, certainement pas pour l’aider. Son regard mordoré était fixé sur elle avec toute la peur du monde qui y brillait. Les traits de la jeune femme avaient changés, de douce et compatissante, elle était passée à mauvaise et froide, exactement comme serait représentée la méchante sorcière d’un conte quelconque.

Bien naïvement, Tennessee essaya de se reculer lorsqu’elle s’approcha mais fut bien vite bloqué par le mur. La jeune femme s’agenouilla près de lui, le fixant toujours de son regard qui trahissait une puissante haine. Était-elle à ce point justifiée ? Après tout, elle ne connaissait sans doute pas les deux personnes tuées et il ne s’en était pas pris à elle. Et puis, ce n’était pas comme s’il y avait pris un quelconque plaisir ou même que ça avait été volontaire.

« Shhht Tennessee... ne pleure pas. Tu n'accepte pas ta nouvelle condition de vampire. Tu sais comme moi que tu ne tiendra pas le coup. Je vais t'aider a mettre fin a toute cette souffrance... »

Son ton était maternel mais, Tennessee n’y sentait aucun espoir, elle n’allait pas l’aider, elle ne voulait pas son bien, elle comptait le tuer. Le stress qui montait fit redoubler d’intensité le flot de ses larmes alors qu’il sentait en lui son instinct se réveiller. Les choses allaient mal se passer, très mal. Il n’eut pas le temps de réagir alors qu’elle attrapa son bras, imposant de nouveau un contact mental. Sauf que cette fois, elle ne se contenta pas de fouiller dans ses souvenirs mais lui imposa la pire des souffrances.

Le bébé vampire sentit sa peau brûler et y vit même les flammes. Tout à coup, des fenêtres étaient ouvertes laissant un soleil puissant inonder la pièce. Son corps tout en entier était en feu. Ses hurlements étaient insoutenables. Il tenta de se relever pour s’enfuir. Il s’écroula sous la douleur. Les flammes dévoraient sa chaire. Le soleil calcinait son esprit. Sa gorge se déchirait à force de hurler.

Les choses se passèrent ensuite très vite. Son instinct pris le contrôle, ses yeux se noircirent et ses crocs se firent apparents. Visiblement, le vampire sauvage en lui n’avait toujours pas envie de mourir et, sans doute beaucoup moins sujet à la raison et aux divagations de l’esprit, agissant comme un animal blessé, s’en prit à celle qu’il identifia comme la menace. C’était la sorcière qui avait invoqué le soleil, c’était la sorcière qui allait mourir avec lui. En une fraction de seconde il était debout et la tenait par la gorge, soulevée du sol. Immédiatement, le feu disparut ainsi que le soleil. Sa peau était aussi blanche qu’à son habitude, sans la moindre trace de brûlure, même pas à peine rouge. La douleur avait également disparue d’un seul coup, sans laisser le moindre résidu. Ayant toujours été un garçon disposant de bonnes capacités de logique, il comprit que tout ça n’avait été qu’une hallucination.

« Ca te fait marrer hein ? », demanda-t-il en resserrant sa prise sur sa gorge.

Bien évidement, il n’attendait pas de réponse. Elle devait déjà galérer à respirer, ce n’était pas le moment de disserter sur le côté humoristique de la calcination hallucinatoire d’un bébé vampire. Le problème était, que ce n’était plus vraiment un bébé vampire. La haine et la colère qui faisaient battre son cœur plus vite le transformaient en animal enragé. Désormais, ils étaient deux à être animés par la haine bien que la sorcière devait quand même sentir une certaine dose de peur.

L’instant d’après, le vampire entendit le cœur de sa victime très clairement, il battait à une vitesse folle, emportant tout ce sang dans son corps. Voilà qu’un nouveau et délicieux repas s’offrait à lui. Lorsqu’il relâcha sa prise sur sa gorge, ce fut pour y mordre avec une grande sauvagerie, laissant le sang couler à flots. Entraîné dans sa folie meurtrière et bestiale, il enfonça plusieurs fois ses crocs, toujours dans sa gorge, ne faisant qu’augmenter la quantité de rubis liquide qui s’échappait. Une fois que quelques goutes rentrèrent dans sa bouche, il cessa de déchirer la chaire et se contenta de boire ce qu’il pouvait jusqu’à relâcher ce qu’il supposait être un corps sans vie sur le sol.

« Chacun son tour »

Autour de lui, la cave était redevenue réelle, sans la moindre trace de soleil. Sa peau était également immaculée. La petite sorcière avait donc réussit à lui mettre tout ça en tête. Dans quel but ? Pour tuer un vampire, il fallait lui arracher le cœur ou le transpercer d’un morceau de bois. Si son hallucination avait réussit à le tuer, sa mort n’aurait duré qu’un instant avant qu’il ne se réveille. Pas très futée la petite. D’un autre côté, si elle l’avait été, elle serait partie quand elle le pouvait encore.

Rapidement, son instinct se calma, visiblement rassasié, ne laissant que Tennessee face à un autre cadavre. Le jeune garçon paniqua de nouveau, refusant de croire qu’il avait de nouveau tué quelqu’un. Rapidement, il s’agenouilla près de la sorcière inconsciente. Lorsqu’il entendit encore de très légers battements d’un cœur laborieux qui tentait de survivre, une seule idée lui vint à l’esprit, lui donner son sang. Il se mordit le poignet et en fit couler quelques goutes dans sa bouche et sur sa gorge là où les plaies étaient encore béantes. L’effet ne se fit pas attendre et la respiration de la sorcière se fit beaucoup plus forte et régulière alors que les plaies se refermaient, empêchant d’autre quantité de liquide vermeil de s’échapper.

Tennessee sourit et s’assit. Il eut même un petit rire nerveux, évacuant comme il pouvait cette énorme quantité d’anxiété qui l’avait saisit. La sorcière n’était pas morte et, lui non plus, il avait réussit à survivre et à faire vivre, oubliant un moment les deux cadavres quelques étages plus haut. Par contre, il n’était pas devenu naïf pour le coup, lorsque sa victime ouvrit les yeux, il s’enfuit. Cette fois, il opta pour une autre stratégie, celle d’enfermer la jeune femme dans la cave. Il ferma la porte et se servit de sa vitesse de vampire pour rapidement aller chercher une chaise pour la bloquer. Il ne voulait pas l’enfermer pour toujours, juste le temps de trouver un moyen de s’en aller sans subir la morsure du soleil. Ten n’était pas naïf mais peut-être, trop gentil, c’est pourquoi il prit soin de demander à travers la porte :

« Est-ce que ça va ? »

Oui, c’était débile comme question, mais, qu’est-ce qu’il pouvait demander d’autre ? A chaque fois qu’elle était entrée dans son esprit, elle avait du le toucher. La porte devrait le protéger. Espérons-le…