Blink of an eye | Magnus & Tennessee

« I don't know what makes you so special, you're just too good to be true, I can't take my eyes out of you. »

Deux semaines que Magnus Bane s'était réveillé de son fameux sommeil de cent ans et dans ce laps de temps, le sorcier avait récupéré ses vieilles habitudes. Tout d'abord, il avait cherché un appartement correct (et même plus que correct si vous voulez mon avis) et ensuite un endroit où il allait pouvoir faire la fête, comme dans ses grandes années. Et finalement c'est grâce à l'un de ses vieux contacts vampires que le sorcier avait pu devenir propriétaire de l'un des clubs les plus en vue de New York, virant l'ancien propriétaire sans trop de ménagement. De toute façon, il s'en occupait mal. Et Magnus avait besoin d'un endroit où inviter tous ses anciens amis et surtout d'un endroit où s'en faire d'autres. Ainsi, ses qualités d'organisateurs lui avaient permit de mettre sur pieds de grandes soirées, se servant de son influence déjà grandissante pour inviter de grands noms de la musique (surtout des DJ en l'occurence.). Sa petite notoriété en tant que sorcier lui avait également permit de contacter des covens plutôt puissants qu'il se plaisait à inviter dans ses soirées. En bref, en deux semaines, Magnus Bane avait remit son petit empire sur pieds mais cette célébrité soudaine ne devait pas vraiment passer inaperçu.

De par sa position plutôt avantageuse auprès des sorciers et de cetains vampires, Magnus avait vite tout apprit en ce qui concernait la guerre qui venait de se déclarer. Visiblement, le monde magique avait été révélé aux humains et certains groupes, plus extremistes que d'autres, démarraient une guerre intense. Décidément, Magnus avait le chic pour se réveiller au milieu d'une guerre. La dernière fois, il s'agissait de la Première guerre mondiale tout de même. De ce qu'il avait pu apprendre, la branche du gouvernement qui s'occupait de gérer le conflit, à savoir l'Agence, était installée à New York. Pour l'instant il n'avait pas vraiment eu de problèmes mais il se doutait que réunir différentes espèces à un seul endroit ne devait pas passer inaperçu. Il s'attendait donc à certaines visites désagréables mais ne craignait pas grand monde. En 726 ans de vie, le sorcier en avait vu d'autres et quiconque tenterait de nuire à sa petite entreprise comprendrait l'étendue de son pouvoir. Il dirigeait et s'il fallait le rappeler à l'Agence, il se ferait un plaisir de le faire. D'ailleurs, alors qu'il discutait tranquillement avec deux de ses invités et des jeunes filles peu farouches, une silhouette attira son attention. Contrairement aux autres, habillés pour la fête, l'homme qui se tenait au milieu de la foule était habillé très sobrement, Magnus se demandant même s'il ne s'agissait pas d'un uniforme. Et quand il se retourna dans sa direction Magnus resta bouche-bée.

Le jeune homme présent dans son club avait l'air plutôt jeune. Les yeux dorés, un visage fin, ses traits étaient littéralement parfait. Mais ce qui intriguait le plus Magnus restait le fait qu'il ne l'ait jamais vu auparavant. Franchement, il s'en serait souvenu ! Un homme aussi magnifique, on ne voit pas ça tous les jours. Et il ne fallu qu'une seconde à Magnus pour décider que CE garçon serait la cible de son dévolu pour ce soir. Aussi se leva-t-il de sa place pour aller rencontrer le jeune homme en question. Parce que c'est bien connu, on attrape pas les mouches avec du vinaigre et passer la soirée à le regarder n'allait pas arranger ses affaires.

Magnus – En tant qu'organisateur je suis censé connaître toutes les personnes présentes ce soir mais toi...C'est bien la première fois que je te vois.

Tout ceci agrémenté de son célèbre sourire, cela va sans dire !

« J'ai juste envie de tout foutre en l'air
Peu importe la haine qu'il y a sur terre
Au diable le malheur des gens
Plus rien me tente, face à ma feuille blanche »

Les ombres pullulaient dans cette ville déliquescente. Les êtres n’étaient plus que des cadavres se mouvant dans les Ténèbres sans intentions réelles, juste fantasmées. Le sang se faisait monnaie courante des atrocités alors que la mort n’était que banalité. La peur recouvrait le monde de son voile obscur et personne ne savait comment refaire naître la lumière salvatrice. L’Agence surveillait les foules du haut de son gratte-ciel, rappelant les temps sombres de l’inquisition. Les hérétiques immortels et apostats humanistes n’avaient plus qu’à se cacher dans les bas-fonds avec les rats. Cette sombre prose s’échapperait sans doute des lèvres de Tennessee si on lui demandait de décrire la vie selon lui.

Depuis deux mois, il avait choisi son camp, à perte. Le jeune homme portait désormais la marque de l’Agence. Alors que les prisons se remplissaient de surnaturels, principalement des vampires, ses semblables, il dormait dans le dortoir des cadets, avec les humains. Sa vie se résumait à un enchaînement d’ordres à suivre. Tennessee ne se posait pas de question, se soumettant à l’autorité. Il faisait ce qu’on attendait de lui et, le faisait bien. Les recruteurs l’avaient d’abord laissé plusieurs semaines en prison, lui faisant répéter encore et encore son histoire, ses motivations, voulant vérifier qu’il ne mentait pas. Son regard mordoré était resté fixé sur l’exécution d’une trentaine de surnaturels condamnés. Sans sourciller, il avait assisté au spectacle avec le même détachement que face à un mur de brique. Les recruteurs commençaient à penser qu’ils pouvaient l’intégrer parmi les cadets, qu’il n’allait pas jouer de double jeu. Ainsi, un jour un gardien vint le chercher et il posa son sac dans le dortoir des cadets.

Pendant plus deux mois, il se donna à fond dans les différents entraînements. Plus fort, plus endurant, il n’avait aucune difficulté à se placer devant les autres. Plus motivé, il réussissait avec brio les exercices qui avaient été faits spécialement pour lui. Depuis son départ de Mystic Falls, le buveur de sang n’avait pas touché à de l’héroïne. Les occasions étaient trop rares, ses heures précieuses et pleines, la surveillance étouffante. L’entraînement physique lui réussissait plutôt bien, lui vidant l’esprit, décantant le sang de son cœur meurtri jusqu’à le vider. Plus poussé que celui des légendaires U.S Marines, il avait pour objectif de faire de simples humains des armes contre les surnaturels si puissants. S’il arrivait à faire d’un mortel banal, un être capable de tuer un vampire, imaginez donc ce qu’il faisait d’un vampire. Si un an auparavant, Tennessee n’aurait jamais pu endurer toute cette intensité, ces blessures, ce froid, ces épreuves éreintantes, aujourd’hui les choses étaient bien différentes. Puisqu’il n’avait plus personne sur qui compter, il serait son propre protecteur.

Les rations de sang qu’on lui donnait étaient maigres, lui apprenant à se nourrir le moins possible. Etrangement, le vampire en lui semblait satisfait. Tennessee avait besoin d’action, de se défouler, de se servir de ses forces pour apprendre à utiliser ses nouvelles capacités, pas de rester enfermé dans un petit appartement en culpabilisant d’avoir commis des crimes. Désormais, sa conscience semblait endormie ou tout simplement plus mature. Cinq fois à l’entraînement, des vampires avaient été amenés à la prison pour familiariser les cadets avec leur futur ennemi. Par deux fois ce fut Tennessee qui porta le coup de grâce. En appuyant sur la gâchette, il ressentait une certaine satisfaction. Tuer un être vivant ne le dérangeait pas, bien au contraire. D’un coup, il sentait l’adrénaline se diffuser dans chaque parcelle de son corps, il se sentait fort, presque intouchable, un peu comme si les malheurs ne pouvaient plus lui arracher une partie de son âme. De toute façon, il n’y avait plus rien à arracher.

Ce soir, il était en mission pour l’Agence. En binôme avec une cadette un petit peu plus vieille que lui et sous l’œil expert de son instructeur, il devait ramener une jeune femme suspecte de disposer du gène du loup-garou pour un interrogatoire ou une exécution. Il ne savait pas, et s’en moquait. La cible travaillait dans un nightclub de la légendaire ville qui ne dormait jamais. Tennessee et sa collègue s’étaient séparés et l’instructeur avait préféré suivre la jeune fille humaine. Tant mieux, le petit vampire n’avait absolument pas besoin de surveillance. L’image de celle qu’il lui fallait ramener en tête, il s’avança dans le night-club et ne mit pas longtemps à la repérer. Alors qu’il se dirigeait vers elle, on l’importuna.

– En tant qu'organisateur je suis censé connaître toutes les personnes présentes ce soir mais toi...C'est bien la première fois que je te vois.

Le vampire tourna la tête vers l’origine de la voix. C’était un homme à côté de lui, aux traits asiatiques, bien habillé, souriant. Tennessee le regarda de haut en bas, ne comprenant pas pourquoi les gens aimaient tant se démarquer en multipliant les excentricités. Le jeune homme avait été élevé dans une optique d’en faire un homme tout à fait normal. C’était foiré sur certains points, déjà à commencer par son prénom mais bon, il savait se fondre dans la foule ce qui, visiblement, n’était pas le cas de son interlocuteur. Le petit vampire ne lui rendit pas son sourire, il avait cette gueule blasée, dérangée et son iris mordoré ne brillait plus comme avant. Puisque c’était un des organisateurs, il était responsable des gens qui travaillaient ici, y compris s’il cachait d’hypothétiques surnaturels.

Tennessee était en uniforme et, il sortit de sa veste les papiers confiés par son instructeur, comprenant un ordre d’arrestation pour la demoiselle qui occupait ses pensées.

« Je travaille pour l’Agence », répondit-il sobrement « Une des employées va devoir me suivre »

Il n’avait pas jugé utile de préciser qu’ils étaient en réalité trois membres de l’Agence. Tennessee voulait faire ses preuves sans se démonter, encore moins une fois sur le terrain.

« I don't know what makes you so special, you're just too good to be true, I can't take my eyes out of you. »

Le jeune homme en face de lui, en uniforme, l'observa un instant. Il sembla même l'analyser de haut en bas et Magnus évita un petit rire en se disant qu'il allait le trouver original, comme tous les autres humains depuis qu'il était réveillé. Il ne comprenait pas pourquoi les gens d'aujourd'hui s'habillaient si sobrement, avec des couleurs si sombres. Du peu qu'il se souvienne, sa tenue avait le mérite de faire sourire les gens qui le croisaient. Sans doute se moquaient-ils, peu importe mais tout ce que Magnus retenait c'était le fait que ses couleurs et sa tenue toute entière apportait la joie, le sourire aux gens. Et eux, avec leurs tenues sombres, qu'apportaient-ils ? Les humains semblaient si obsédés par le fait de vivre sans en profiter qu'ils en oubliaient de sourire. Enfin peu importe, revenons en au petit humain devant lui. Le visage fermé, il était d'un sérieux à faire pleurer un mort. Et le vieux sorcier ne put s'empêcher d'imaginer son âge. 20 ? 25 ans ? Pas plus que ça en tous les cas. Un jeune homme de son âge avait tout à fait sa place dans sa soirée mais pour s'amuser, profiter de la musique, de l'alcool et des gens qui s'y trouvaient. Lui ne souriait pas. N'avait pas cette étincelle de vie qu'ont les jeunes gens de son âge. Quelle tristesse.

« Je travaille pour l’Agence, une des employées va devoir me suivre »

Urgh. Voilà quelque chose de bien plus triste que le fait que le jeune homme ne soit pas ici pour en profiter. Il avait été recruté par l'Agence. Malgré son réveil récent, Magnus connaissait déjà tout de cette organisation luttant contre les êtres surnaturels et surtout contre les vampires. Cette espèce de « gouvernement » était tristement célèbre pour leurs actions répressives et leurs techniques ma foi...Pas spécialement douces. Nombre de vampires avaient périt dans leurs cellules ou exécutés sur la place publique. Certains sorciers aussi d'ailleurs ce qui révulsait Magnus, bien évidemment. Il s'agissait de défendre les siens, tout de même et même si le sorcier n'avait plus vraiment d'entourage, il n'appréciait pas l'injustice et surtout pas la dictature. Tout comme Hitler, personnage du dernier livre d'histoire qu'il avait ouvert, l'Agence semblait fasciner les jeunes. Une idée de révolution, de guerre manichéenne centré contre une seule minorité, voilà qui était vendeur. Non définitivement, Magnus ne les supportait pas et ressentit énormément de tristesse pour le jeune homme. Comment peut-on se laisser embarquer là dedans et se laisser voler sa jeunesse au profit de la guerre ?

Magnus – Oh je ne doute pas de vos intentions mais puis-je savoir exactement les raisons de l'arrestation ? Vous devez sûrement avoir un mandat ou quelque chose qui justifie votre présence dans une fête privée, l'Agence ne laisse jamais rien au détail.

De plus, qui que cette agence stupide ait prévu de ramener, ils pouvaient toujours se gratter comme on dit. Ses employés avaient été choisi avec soin, selon des critères bien précis et le sorcier les connaissait tous. Il ne pouvait laisser la gestion de sa soirée à n'importe qui après tout. Et ce n'est pas un petit agent, aussi canon soit-il, qui allait emmener l'un de ses employés. Quand on s'appelle Magnus Bane, on ne se laisse pas marcher sur les pieds ainsi.

« J'ai juste envie de tout foutre en l'air
Peu importe la haine qu'il y a sur terre
Au diable le malheur des gens
Plus rien me tente, face à ma feuille blanche »

Le regard mordoré de Tennessee restait froid. L’étincelle qui y vivait avant et lui donnait cet air tellement adorable était morte, noyée. Son air était fermé, son sourire disparut. De toute façon, la situation ne demandait pas d’être particulièrement agréable, son travail non plus. Et surtout, il n’avait pas envie de l’être, surtout pas devant un autre homme. C’était stupide mais, depuis sa rupture (qui n’en n’était pas vraiment une) avec Enzo, il n’avait pas envie d’avoir l’ombre d’un début de relation avec un autre homme. Il ne voulait pas paraître agréable, il ne voulait pas paraître séduisant ou quoi que ce soit d’autre. Avec cet inconnu qui venait se mêler de ses affaires encore moins. Pourquoi ne pouvait-il tout simplement pas ramener la suspecte à son instructeur et quitter cette endroit qui sentait beau la débauche.

– Oh je ne doute pas de vos intentions mais puis-je savoir exactement les raisons de l'arrestation ? Vous devez sûrement avoir un mandat ou quelque chose qui justifie votre présence dans une fête privée, l'Agence ne laisse jamais rien au détail.

Cette fête pouvait être aussi privée qu’il le voulait, l’Agence avait tous les droits sur ce territoire surtout sur des questions de surnaturels. Ce n’était pas ce type qui allait lui causer des problèmes. Surtout qu’il n’avait pas à se mêler de cette arrestation. S’il était le responsable de l’endroit et qu’une surnaturelle travaillait pour lui, il serait facilement accusé d’avoir essayé de la protéger. Décidément, il n’avait rien à faire dans cette histoire. Les ordres de son instructeur étaient clairs, ramener la femme en question, c’était son but simple, sans contraintes. Ce n’était pas une mission d’infiltration, pourquoi serait-il discret ?

« La fête est finie », dit-il simplement.

Bien sûr qu’il avait un mandat et tout ce qui en suivait. Mais, il n’était pas d’humeur à partir dans des discussions inutiles. Rapidement, il sortit son arme et la leva en l’air, tirant plusieurs coups. Le vent de panique qui suivit fut d’une rapidité exemplaire. Avec les récents évènements, même dans un night-club, les gens étaient sur les nerfs. Le mouvement de foule était uniforme, des cris, des bousculades et un déplacement difficile vers les sorties de secours. Certains se couchaient à terre ou se cachaient sous les tables. Tennessee n’avait pas perdu sa cible des yeux et faussa compagnie à son ennuyant interlocuteur pour avancer vers elle. Le bruit ne le gênait pas, il avait appris à concentrer tous ses sens sur sa cible. D’ailleurs, celle-ci s’était cachée derrière le bar. Au premier coup d’œil, il ne savait pas vraiment dire à quelle espèce elle appartenait mais, son instinct lui disait qu’elle n’était pas humaine. Il fit le tour du bar et elle recula effrayée, comprenant qu’il était celui à l’origine de ces coups de feu.

« Je travaille pour l’Agence, vous pouvez remercier votre patron pour ce bazar mais, vous allez devoir me suivre »

Son ton était comme son attitude, ferme, déterminé à remplir sa mission.